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Copropriété-services et A.UR.A. : ces associations qui négocient pour vous avec les fournisseurs... Le 24/11/2001
UI - Actus - 24/11/2001 - Copropriété-services et A.UR.A. : ces associations qui négocient pour vous avec les fournisseurs...
En 1994, plusieurs affaires de perception de commission illicites par des syndics faisaient l'effet d'un coup de tonnerre, révélant un monde de liaisons dangereuses avec les fournisseurs ou prestataires des immeubles, et mettant crûment au jour le fait que ceux qui étaient chargés de leur gestion n'étaient peut-être pas aussi acharnés qu'on aurait pu l'attendre à négocier pour leurs clients des fournitures et prestations au meilleur prix... Plusieurs initiatives sont nées ou ont prospéré de ce séisme, dont deux sous la forme d'associations pour le référencement de fournisseurs recommandés et la négociation de prix préférentiels : 'Copropriété-services', de la très médiatique Association des responsables de copropriété (l'ARC - sans rapport avec son homonyme tristement célèbre) et les 'Associations urbaines d'achats et de services' (A.UR.A) du groupe Vendôme-Rome, numéro deux des syndics de copropriété en France. Concurrentes sans merci évidemment...

"Copropriété-services" est la première en date : créée sous la forme de société coopérative en 1987, dont bien avant les "affaires" qui ont défrayé la chronique, elle a bien entendu bénéficié du climat délétère qui s'en est suivi, attisé par les campagnes anti-syndics de l'ARC, la très virulente association de consommateurs dont elle est issue. Destinée au départ à aider les syndics bénévoles, elle est devenue très vite un outil pour contrer les choix de fournisseurs et prestataires des syndics professionnels et leur imposer des entreprises et des experts sélectionnés en dehors de toute suspicion d'intéressement...

Son catalogue s'est étoffé au cours du temps : fourniture de fioul (la coopérative le vend directement aux copropriétés qui lui passent commande), référencement d'entreprises "agrées" dans de nombreux domaines (chauffage, ascenseurs, portes de parking, nettoyage, assurances), d'architectes, d'experts avec négociation de contrats types et d'une tarification préférentielle. Plus des audits (maintenance, sécurité, contrôle d'accès), de l'assistance à la négociation, ainsi que des prestations pour les syndics non professionnels : logiciel de gestion et de paye notamment.

En affirmant bien entendu que les prestataires sélectionnés étaient les meilleurs du marché, et que les prix négociés étaient sans concurrence possible...

Sans jamais le prouver de façon convaincante ! Les syndics, piqués au vif quand leurs conseils syndicaux leur imposent le recours à Copropriété-services, ont beau jeu de trouver des prestations plus concurrentielles (sans garantir toutefois qu'ils les auraient négociées aussi bien sans cet aiguillon...) ou de pointer du doigt des différences dans la nature ou la qualité des prestations proposées ! Et de dénoncer le mélange des genres qui fait de ces "croisés" de la défense du consommateur et de la transparence des acheteurs pas toujours transparents, bien qu'ils s'en défendent avec une véhémence à son tour suspecte, sur leurs recettes de fonctionnement : commissions sur les fournitures vendues directement, et frais de "secrétariat" demandés aux entreprises référencées...

La seconde initiative, les "A.UR.A" est plus déconcertante : elle est le fruit d'une stratégie marketing plutôt visionnaire d'un groupe aux ambitions nettement affichées dans les services à l'immobilier, le groupe Vendôme-Rome, numéro un européen sur l'ensemble de ses activités depuis le rachat de Laforêt immobilier, d'Auguste Thouard et du groupe Müller en Allemagne, et numéro deux dans l'administration de biens classique et la copropriété derrière Foncia, stratégie qu'on peut résumer ainsi : puisque les syndics sont suspectés dans leurs relations avec les entreprises, créons des associations où syndics et copropriétaires pourront collaborer en toute transparence pour la négociation des meilleures prestations, en tirant parti de surcroît de l'effet de masse permis par un groupe gérant plusieurs milliers de copropriétés totalisant plus de 300.000 logements...

Et de créer à ce jour 32 associations de villes, présidées par des copropriétaires, et regroupées dans une fédération "Multivilles", elle-même dotée de deux outils :

- "Oscar" : structure centralisée chargée du référencement des fournisseurs, de la négociation de contrats exclusifs - "Aurimmo" pour les assurances, "Auratherm" pour le chauffage - ou de conditions préférentielles (remises réservées aux copropriétés adhérentes) pour les ascenseurs, nettoyage, fioul (encore...), portes de garage, etc.

- A.UR.A Services : il s'agit d'une formule "club" destinée à tous les résidants - propriétaires ou locataires - et proposant des conditions préférentielles dans toute une gamme de services de proximité, tels que garde d'enfants ou d'animaux, services à domicile, initiation à l'informatique, assistance administrative ou juridique, etc. ; A.UR.A Services met également en place des espaces associatifs avec bibliothèque, et organise des consultations gratuites et des conférences...


Comme il fallait s'y attendre, l'ARC n'a pas tardé à tirer à boulets rouges sur cette initiative concurrente, avec une argumentation de qualité variable. La critique est judicieuse quand il s'agit de faire remarquer que, si les présidents des associations locales sont des copropriétaires, les trésoriers et secrétaires (statutairement) ainsi que les dirigeants de la fédération et le personnel des organes centralisés sont nommés par le groupe Vendôme-Rome ; les dirigeants du groupe se défendent de vouloir imposer un verrouillage et justifient cet état de fait par la nécessité en tant qu'initiateur du mouvement de veiller simplement à son bon démarrage. Elle est plus spécieuse quand l'ARC se permet de railler le peu de résultats apparents obtenus en termes d'économies de charges par les copropriétés adhérentes, alors qu'eux-mêmes n'ont jamais apporté de preuves de meilleurs résultats !

Point fort des "A.UR.A" : aucune commission ni frais de dossier ne sont officiellement demandés, contrairement à "Copropriété-services" aux entreprises référencées. Point faible : pour adhérer, une copropriété doit avoir pour syndic un cabinet adhérent ; or Serge Ivars, secrétaire d'A.UR.A. Multivilles reconnaît qu'un seul cabinet n'appartenant pas au groupe Vendôme-Rome a à ce jour adhéré au mouvement, même s'il affiche l'objectif d'ouvrir le plus possible à des cabinets indépendants et indique traiter d'ores et déjà 6 candidatures. Ainsi, la fonction de "machine à recruter et à fidéliser" les copropriétés pour les cabinets du groupe est plus que flagrante...

Du coup, les adhésions piétinent quelque peu : 90.000 adhérents par les copropriétés et 6.000 adhérents individuels à ce jour. Il est vrai que le recrutement repose essentiellement sur les gestionnaires d'immeubles des cabinets du groupe, ce qui n'est pas forcément la formule idéale ; par ailleurs, d'expérience, les copropriétés ne sont réceptives à ce type d'initiatives, lorsqu'elles émanent de leur syndic, que pour autant qu'elles sont satisfaites de sa gestion : or il n'est pour le moins pas sûr que tous les cabinets du groupe aient une qualité de fonctionnement à la hauteur des ambitions avant-gardistes des dirigeants...

Ce qui n'enlève rien à l'intérêt de l'initiative, qui ne mérite probablement pas la campagne de dénigrement de son très médiatique concurrent ! A suivre donc sans parti pris...

Reste que de manière générale, en matière de référencement d'entreprises, il ne suffit pas de se prétendre animé des meilleures intentions pour garantir l'honnêteté des sélections effectuées : depuis que l'homme est homme, la tentation ne l'a jamais vraiment quitté, et cette remarque vaut pour ces deux protagonistes comme pour tous les acteurs de ce feuilleton inépuisable qui met en scène les liaisons dangereuses des syndics, des copropriétaires et des entreprises...

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