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Agents immobiliers et syndics : pourquoi une si mauvaise réputation? Le 24/11/2001
UI - Actus - 24/11/2001 - Agents immobiliers et syndics : pourquoi une si mauvaise réputation?
57ème et 54ème sur 59 professions : c'est sur 15.000 réponses le rang des agents immobiliers et des syndics de copropriété dans l'enquête de confiance réalisée par Que choisir auprès de ses abonnés ! Ils font pire que les démarcheurs à domicile et se trouvent en compagnie des cuisinistes, des constructeurs de maisons et ...des publicitaires ; seule consolation : les journalistes sont à peine mieux vus ! Surprenant ? Même pas : ces résultats reflètent bien une opinion générale largement relayée par les médias. Mais avec à peine un consommateur sur cinq leur faisant confiance pour les syndics et un sur six pour les agents immobiliers, il est peut-être utile de se demander si les professionnels sont seuls responsables de cette situation !

Chaque profession est, dira-t-on, responsable de son image, et les reproches faits aux professions immobilières s'alimentent sans cesse - cela se voit au fil des problèmes évoqués par nos internautes dans nos forums ou dans les questions posées - de nouvelles (mauvaises) expériences ou de nouveaux litiges : incompétence, partialité, absence de respect du client, voire pratiques franchement malhonnêtes !

Et comme une profession est d'abord constituée des professionnels qui la composent, il est difficile de ne pas incriminer le recrutement : celui des patrons de cabinets comme celui de leurs collaborateurs, qui ont autant sinon plus qu'eux le contacts avec le client. Or celui-ci - cercle vicieux infernal - se fait de toute évidence à niveau très insuffisant en raison même de la dévalorisation de ces métiers, qui n'attirent que faute de mieux, quand ce n'est pas par appât d'un gain facile au détriment bien entendu de toute déontologie contraignante...

Difficile en effet de mettre en place des formations initiales et des filières de formation continue : toutes les tentatives se heurtent au manque de candidats motivés, rebutés par la précarité des postes offerts - cas notamment des postes de négociateurs en majorité sous statut d'agent commercial et rémunérés exclusivement à la commission - ou la faiblesse des rémunérations des postes de gestionnaires, assortis de surcroît - cas des postes de gestionnaires de copropriété - de conditions de travail calamiteuses !...

Il est vrai que ces professions, subissant les effets de leur mauvaise image, se livrant à une concurrence parfois suicidaire, et de ce fait incapables de tarifer leurs prestations au bon niveau, peuvent difficilement proposer mieux : décidément, quand ça veut pas, tout se tient...

Ceux qui ont pu penser un moment que l'arrivée de franchises ou que le mouvement de concentration et l'émergence, à l'initiative de groupes industriels ou financiers, d'ensembles de plusieurs centaines voire de milliers de collaborateurs aurait pu changer la donne en sont pour leurs illusions perdues : ces groupes fonctionnent et recrutent exactement de la même manière que les indépendants, et subissent le même "turn over", si ce n'est pas pire, car rares sont ceux ayant su ou pu mettre en place un vrai management des équipes et un contrôle digne de ce nom des pratiques professionnelles ! Encore moins nombreux sont ceux qui ont réellement mis en place un système de formation interne à la hauteur des besoins !

Sans compter, concernant plus particulièrement les syndics de copropriété, l'effet désastreux des affaires qui ont défrayé la chronique et jeté une suspicion durable sur les liaisons dangereuses des professionnels et des fournisseurs ou prestataires des immeubles (voir notre article de cette semaine à ce sujet)

Ceci étant, Il faut aussi se demander si ces professions ne pâtissent pas d'une législation inadaptée qui les empêche de sortir de l'ornière ; en particulier :

- pour les agents immobiliers, la loi Hoguet, vieille loi de 1970 que personne n'ose toucher, et qui, tout en autorisant les mandats non exclusifs, ne permet de percevoir des honoraires qu'au professionnel qui réalise la transaction : excessivement protectrice du mandant, elle a l'effet pervers de l'encourager à faire travailler plusieurs agents immobiliers concurremment là ou un seul suffirait amplement ; le résultat est une grande déperdition d'énergie (combien de fois les clients visitent le même bien via des agences différentes !), un tarif de commissions élevé pour compenser le grand nombre d'affaires sur lesquelles chaque négociateur doit travailler pour n'en réaliser qu'une seule, et des litiges à n'en plus finir, les clients ne manquant en général pas de se prendre les pieds dans le tapis et de négocier avec l'un une affaire présentée par un autre...


- pour les syndics de copropriété, la loi du 10 juillet 1965 fixant le statut de la copropriété des immeubles bâtis, vieille loi également mais largement remaniée et augmentée jusque très récemment avec la loi "SRU", et qui, voulant à tout prix conférer un statut de propriété à ce qui n'est au mieux qu'un droit de jouissance exclusive (de locaux privatifs dans un immeuble collectif), a créé une entité bizarre et difficilement gouvernable, le syndicat des copropriétaires, là où un statut d'association ou de société civile eut mieux incité les copropriétaires à se prendre en charge, au lieu d'attendre d'un syndic tout et son contraire...

Le problème est que, dans les deux cas, les législations concernées sont profondément ancrées dans le droit et les moeurs, et qu'on ne voit pas trop qui oserait en mettre en cause les fondements, pas même chez les professionnels qui leur doivent pourtant une grande part de leur marasme...

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