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Un gardien obligatoire pour 100 logements : la revalorisation d'une fonction enfin en marche ? Le 17/12/2001
UI - Actus - 17/12/2001 - Un gardien obligatoire pour 100 logements : la revalorisation d'une fonction enfin en marche ?
La revalorisation des gardiens d'immeuble est à l'ordre du jour, qu'on se le dise ! Première mesure, plusieurs fois annoncée et cette fois sur le point d'être publiée : obligation pour tout ensemble immobilier d'avoir un gardien pour 100 logements appartenant à un même bailleur, public ou privé, y compris en principe dans les copropriétés ! Car, après une longue période où ces personnels, confondus dans l'image de la concierge qui est dans l'escalier, ont été traités par tout le monde avec un réel mépris et vu souvent leurs postes supprimés, la découverte du rôle essentiel qu'ils peuvent jouer dans la sécurité et la qualité du service aux résidants tient de la révélation : désormais c'est promis, on va s'occuper d'améliorer leur recrutement, leur formation et leur statut ! Mais n'y a-t-il pas comme d'habitude une certaine distance entre les bonnes intentions et les réalités du terrain ?...

Les gardiens d'immeuble comme moyen du retour de la présence humaine sur le terrain selon les propres termes du communiqué de presse du Secrétariat d'Etat au logement : voilà la solution à la déhumanisation des banlieues et son cortège de désespérance et de violence !

Et d'annoncer la publication imminente d'un décret instaurant l'obligation d'un gardien pour 100 logements, d'un même bailleur, public ou privé, ceci dès le 1er janvier 2002 pour les immeubles situées en zones urbaines sensibles (ZUS), et au 1er janvier 2003 pour les immeubles ou groupes d'immeubles situés dans les villes de plus de 25 000 habitants et dans les agglomérations de plus de 50 000 habitants.

La mise en œuvre de ce décret en ZUS ne doit pas s’accompagner d’une charge supplémentaire pour les locataires. Les bailleurs sociaux bénéficieront en effet d'un abattement de 30 % de la taxe sur le foncier bâti (TFPB), pour un montant total de 800 millions de francs par an (122 millions €). Ce financement doit permettre dans le cadre de conventions entre l'Etat et les bailleurs, d'organiser d'autres actions pour améliorer le service rendu aux habitants.

Par contre, hors de ces zones et pour les copropriétés comportant de gros "paquets" locatifs, pas de financement de prévu, sauf peut-être dans le cadre des aides prévues en 2002 en faveur des actions engagées par les HLM et les SEM pour améliorer la propreté et la tranquillité dans les quartiers d'habitat social et prévenir leur dégradation... Plus un an de délai supplémentaire !

Pour les locataires de ces ensembles, la note risque de ne pas passer inaperçue : 70% des frais de personnel - un gardien coûte au bas mot 200.000 francs par an toutes charges comprises - plus l'aménagement de locaux nouveaux et l'affectation de logements de fonction ! L'intérêt n'est pas en effet d'entasser de nouveaux gardiens dans les loges existantes ou de recruter des employés de jour, mais de multiplier les points de présence permanente et d'accueil dans l'ensemble immobilier et d'avoir des personnels résidents.

Reste aussi au cas par cas pour les ensembles locatifs intégrés dans des copropriétés à savoir si les nouveaux gardiens doivent être recrutés et gérés par le syndicat des copropriétaires ou par les organismes bailleurs, avec dans la première hypothèse le risque que ces gardiens se mettent plus au service de la copropriété que des locataires, et dans la seconde de délicats problèmes de partage de compétences avec les gardiens du syndicat et des responsabilités concernant notamment la surveillance des équipements : ascenseurs, sous-stations de chauffage etc... Sans compter la tentation pour les gros bailleurs qui installeraient leurs propres gardiens de demander à ne pas participer "plein pot" au coût des autres gardiens de la copropriété !

Enfin, il ne faut pas se leurrer : le recrutement actuel des gardiens et leur niveau de formation sont loin d'en faire les auxiliaires de sécurité - interlocuteurs de terrain pour la mise en oeuvre des plans locaux de sécurité - et de qualité du service dont rêve le gouvernement ! Les initiatives privées pour leur revalorisation, aussi intéressantes qu'elles soient, restent encore à l'état embryonnaire comme nous l'indiquions dans un article récent...

Qu'on se rassure cependant : dans le même communiqué, le secrétariat d'Etat reconnaît que "la présence de gardien doit également s'accompagner de mesures permettant d'améliorer leur statut, leur formation, leur recrutement et les modalités d'exercice de leur fonction", et indique que "la revalorisation du métier passe aussi par le développement de la formation initiale des gardiens avec la création d'un diplôme supérieur et à terme d'un bac professionnel ainsi que par une formation continue accrue".

Aux locataires de veiller, dans les conseils de concertation locative institués par la loi "SRU" (loi du 13 décembre 2000 relative à la Solidarité et au renouvellement urbains - articles 44 à 44 ter de la loi du 23 décembre 1986), à une mise en oeuvre intelligente de cette nouvelle obligation...

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