ACTUS
Chronique d'une copropriété en délire
Le
18/2/2002
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Ne cherchez pas : le 35 rue de l'Observatoire n'existe pas ! Et pourtant, sous la plume d'Eliane Marchal, ancienne administratrice de biens et syndic de copropriété reconvertie en romancière, il est plus vrai que nature... Petite roman incisif se lisant d'une traite, mettant en scène une copropriété juste un peu spéciale, mais dans laquelle bien des gens se reconnaîtront, il fera la délectation de tous ceux qui ont, de l'un ou de l'autre côté de la barrière, vécu les délices des ambiances survoltées des réunions de conseils syndicaux et des veilles d'assemblées générales... Avec cette interrogation lancinante : comment la vie en copropriété peut-elle transformer à ce point des gens par ailleurs bien sous tous rapports en gougnafiers de la pire espèce ? Cherchez l'erreur...
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Univers pourtant familier à des millions de copropriétaires, de locataires et de professionnels, la copropriété n'est que rarement mise en scène, ne serait-ce qu'en toile de fond. Eliane Marchal, qui connaît bien son monde, l'a fait, et elle n'y va pas de main morte !
Une fois planté le décor et les personnages - la présidente et les autres membres du conseil syndical, le syndic, son assistante de gestion, la gardienne, une commerçante de l'immeuble, quelques copropriétaires et locataires, un entrepreneur et un plombier - et la mécanique infernale remontée à bloc - luttes de pouvoir, gens qui se haïssent sans plus avoir pourquoi (mais ça devait être très grave...), bref toutes les joies d'un clochemerle vertical - l'auteur n'avait plus qu'à laisser les personnages agir, et nous les faire observer tour à tour comme le ferait un entomologiste...
Et bien évidemment cela fonctionne, jusqu'au délire... Même une enquête policière sur un trafic d'oeuvres d'art et une histoire d'amour digne de Roméo et Juliette ne parviennent pas à détourner ce petit monde de ses bisbilles et zizanies en tous genres, sur fond de contrôle des produits d'entretien ou de contestation des appels de fonds sous prétexte qu'une fuite n'a pas été réparée parce que le propriétaire du dessus ne laisse pas entrer dans son appartement puisqu'il vous le dit, la fuite ne peut venir de chez lui...
Vue tour à tour côté syndic et côté copropriétaires, cette chronique vaut bien des études sociologiques sur un système impossible : la copropriété à la française, royaume d'opérette pour petits chefs en manque de pouvoir, et association forcée d'aspirants propriétaires, qui ne découvrent le club dont ils sont les membres obligés qu'une fois qu'ils y ont adhéré !
Pour le meilleur comme pour le pire...
35 rue de l'Observatoire, chronique d'une copropriété en délire - Presses de Valmy
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