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Syndics de copropriété : chaud devant ! Le 17/9/2002
UI - Actus - 17/9/2002 - Syndics de copropriété : chaud devant !
Automne de tous les dangers pour les syndics ! Objets d'attaques récurrentes depuis la découverte des affaires des commissionnements occultes il y aura bientôt dix ans, il devront une fois de plus faire bonne figure alors que s'ouvrira enfin le procès de ces affaires - une trentaine de syndics épinglés et à peu près autant d'entreprises qui leur dispensaient leurs faveurs - alors qu'au même moment deux ministères, justice et logement, mettront la dernière main aux décrets réformant la gestion des copropriétés (loi "SRU" oblige), notamment celui instituant de nouvelles règles comptables susceptibles de mettre la profession sérieusement à l'épreuve...

Le spectre des commissionnements occultes, qui revient de façon lancinante depuis bientôt dix ans sur le devant de la scène, et la cascade de réactions offusquées et passablement hypocrites qui l'accompagne régulièrement étoufferont-t-ils une fois de plus la réflexion sur les vrais problèmes d'une profession qui s'enfonce dans le marasme, ce dont personne ne bénéficie, et surtout pas les copropriétaires !

Tout est en place pour que ce soit le cas : procès à grand spectacle - plus d'une centaine de comparants - manchettes et articles convenus dans tous les bons médias, probablement une demi-douzaine d'émissions et de reportages de télévision en préparation sur le thème "combien ça coûte" ou "votre argent", et tous ces vilains syndics seront une fois de plus brocardés sur le mode "suivez mon regard" et "tous pourris"...

Rappelons les faits : ils remontent à 1993-1994 ; souvenez-vous : un comptable d'une société de ravalement en délicatesse avec son employeur qui "balance", une liste de commissions mise au jour, versées à une pléiade de syndics et pas des moindres, et une enquête qui de fil en aiguille - les syndics mènent aux entreprises qui mènent aux syndics - menace de toucher toute la profession, au point de faire dire à un ministre du logement de l'époque qu'il n'y aurait pas assez de place au ZENITH pour accueillir tous les syndics mis en examen...

L'enquête n'ira en fait jamais au bout - allez savoir pourquoi - et le procès qui s'annonce est loin de concerner tous ceux qui à l'époque auraient pu être inquiétés ! Il est même probable que, comme habituellement, ceux qui se sont fait "pincer" ne sont pas ceux qui avaient le plus profité du système... De surcroît, une toute petite partie seulement des syndics impliqués serait encore en activité, les autres au rythme ou vont les concentrations et les rachats ayant vendu leur cabinet depuis longtemps !

Il n'est évidemment pas question de minimiser le caractère répréhensible d'une dérive dans laquelle de très nombreux syndics s'étaient, comme les politiques dans des conditions relativement analogues, laissé entraîner par les entreprises d'un secteur familier des marchés truqués et des fausses mises en concurrence... Peut-être même que cette vaque de mises en examen était nécessaire pour provoquer le réveil général qui s'en est suivi, chez les syndics comme chez les copropriétaires qui n'avaient probablement pas suffisamment exercé leurs prérogatives de contrôle, pourtant renforcées dès la réforme de 1985 !

Mais axer tout le débat sur les syndics sur ce seul problème de leur intégrité dans le choix des entreprises et dans la conduite des appels d'offres est singulièrement réducteur : parce que l'intégrité du syndic dépend souvent du niveau de vigilance et de prise de responsabilité des conseils syndicaux - ce n'est pas nous mais l'ARC (Association des responsables de copropriété) qui dit "qu'on a le syndic qu'on mérite" - et aussi parce que les tentations auxquelles sont exposés tous ceux qui de près ou de loin sont impliqués dans une fonction "d'achat" peuvent aussi concerner des présidents et conseillers syndicaux lorsqu'ils sont investis d'une confiance ou d'une autonomie excessives !

Mettre au pilori les syndics sur cet aspect permet donc peut-être de se faire plaisir à bon compte, mais ne résoud rien : seule une responsabilisation en profondeur des copropriétaires, et en particulier de leurs représentants élus, leur formation aux complexités de la gestion d'immeubles, un recours plus fréquent aux compétences extérieures lorsque celles-ci ne sont pas disponibles en interne, et une relation adulte avec le syndic, faite de contrôle sans failles, de collaboration constructive, de mise en oeuvre de procédures rigoureuses et de sens de la relation motivante peut garantir un bon niveau d'intégrité de tous les acteurs de la gestion de la copropriété, le syndic ayant aussi un rôle de contrôle en retour des actes du conseil syndical...

Pire : cela revient surtout à escamoter le vrai débat sur la qualité des prestations de gestion délivrées par les membres de cette profession, reconnue comme largement insuffisante, et partant de la qualité de la gestion des copropriétés dans son ensemble : celui sur le niveau, la nature et surtout le coût réel des prestations qui devraient être délivrées aux copropriétés pour répondre aux défis croissants de ce mode de propriété collective, qui concerne pas moins de 6 millions de copropriétaires (près du quart de l'habitat français!), et dont le moins qu'on puisse dire est qu'il ne respire pas la santé...

Ce serait d'autant plus dommage qu'une occasion rare se présente pour la première fois depuis des années et ne se représentera plus de sitôt : une réforme en profondeur des règles de gestion des copropriétés, engagée avec la loi "SRU" et dont le point d'orgue sera la mise en place des nouvelles règles comptables en fin de discussion dans les cénacles autorisés auprès des ministères concernés, et une prise de conscience, dans les mieux associatifs les plus en pointe sur les sujets touchant la copropriété, des risques de voir le jeu de massacre anti-syndics virer au bénéfice des plus cyniques d'entre eux - ceux qui en font le mois possible et négligent délibérément le client - ou en fin de compte faire le lit d'une concentration excessive dont les premières victimes seraient les copropriétaires eux-mêmes...

La semaine prochaine : Réforme de la gestion des copropriétés, une occasion à ne pas manquer !

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