Si les salons sont le lieu par excellence où apparaissent les nouvelles tendances, celui de l'immobilier à Paris la semaine dernière n'a pas failli à la règle, avec deux exemples d'intégration des services en direction des acquéreurs et des investisseurs en immobilier locatif : celle d'une grande banque et celle d'un constructeur de maisons individuelles...

Une grande banque s'investit dans la transaction immobilière

Après avoir investi dans un groupe d'administration de biens classique, le groupe Gérer, de taille respectable (110 collaborateurs et 20.000 lots gérés), le groupe BNP Paribas se lance dans la transaction immobilière en ouvrant des "espaces immobiliers", en fait de véritables agences immobilières travaillant dans l'ancien et recherchant les mandats de vente comme toutes leurs consoeurs ! Le but est évidemment de profiter de ces espaces pour vendre aussi du neuf construit par Sinvim (du groupe BNP Paribas), de la gestion et de la location avec Gérer, des crédits immobiliers BNP, et même de l'assurance et la protection du logement avec BNP Paribas...

Ce n'est certes pas la première fois que des banques touchent à cette activité, mais la BNP a le mérite de le faire pour la première fois sans fausse barbe !

Quatre "espaces sont ouverts déjà à Paris, et le groupe ambitionne d'offrir "un dispositif d'une trentaine d'implantations sur les grandes métropoles de l'hexagone" !

Il est vrai que les limites de l'intégration sont atteintes, puisque le groupe se met en position d'offrir la quasi-totalité des prestations nécessaires à l'acquéreur, y compris pour l'investisseur en immobilier locatif une formule d'assurance garantissant les loyers impayés et les détériorations causées au logement loué...

La profession des agents immobiliers doit-elle s'inquiéter de cette arrivée annoncée d'acteurs aux capacités d'investissement et aux moyens techniques et humains sans commune mesure avec ceux des acteurs actuels de ce marché, même des plus gros d'entre eux ?

Pas forcément ! Si ces "espaces immobiliers" peuvent bénéficier d'une image meilleure que celle des agents immobiliers ordinaires, rien ne dit qu'en l'état actuel du marché ils puissent offrir au client un meilleur service et plus de compétence que ceux-ci - les équipes recrutées pour l'immobilier doivent avoir des qualifications qui ne sont pas diffusées dans le monde de la banque, plus axé sur les produits financiers ; il n'est pas certain que, par rapport aux autres agences, la BNP puise dans un vivier différent ni qu'elle consacre des moyens nettement supérieur à la formation et à l'encadrement...

Par ailleurs, la démarche atteint également ses limites en supprimant toute indépendance dans la sélection des prestations proposées autour de la transaction immobilière : si le client peut douter de l'indépendance réelle de l'agent immobilier qui lui propose sa sélection "maison" pour le financement, l'assurance, la gestion, les diagnostics ou la protection - comment savoir si le produit proposé est sélectionné et négocié pour être le meilleur du marché ou seulement pour offrir le meilleur commissionnement ? - dans cette formule plus aucun doute n'est permis : le produit est proposé parce que c'est un produit BNP...

Remarquons que la France achève par cette démarche de prendre le contre-pied de ce qui s'est passé sur le marché immobilier américain, souvent cité comme le paradis des agents immobiliers qui drainent plus de huit transactions sur dix, contre péniblement quatre pour leurs homologues hexagonaux : les transactionnaires d'outre-atlantique sont devenus courtiers en crédits et en assurances en même temps que véritables "supermarchés" pour tous les services annexes : déménagement, protection, décoration, aménagement de jardins, etc...

Il est vrai que les banques françaises ont cherché à garder leurs clients ficelés avec les crédits immobiliers, voir à conquérir grâce à eux de nouvelles parts de marché, tuant au passage dans l'oeuf la plupart des courtiers en crédit nés de la vague Internet, alors qu'aux Etats-Unis les clients restent réticents à s'adresser directement aux banques et préfèrent s'adresser à des courtiers dans le même esprit que le fait le client français vis à vis des assurances !


Un constructeur de maisons individuelles s'investit dans la gestion de maisons destinées aux investisseurs

Convaincu, non sans raisons, que la maison individuelle est un excellent placement pour les investisseurs en immobilier locatif et que le marché dans la plupart des grandes villes est caractérisé par une pénurie encore plus forte que celle des appartements, les maisons Catz ont orienté leur activité en direction de cette clientèle et mis au point un "package complet" : des maisons à construire spécialement en vue de la location, et un service de location et de gestion assorti d'une garantie de loyers et détériorations classiques, mais aussi d'un contrat d'assurance exclusif, aux garanties les plus complètes de ce qui a été vu à ce jour sur le marché, assurant l'avance sur loyers impayés (les contrats de garantie de loyers impayés indemnisent les impayés avec un décalage au moins égal à six mois à compter de leur constatation), et couvrant 100% de la carence et de la vacance locative (délai pour trouver le premier locataire puis temps de vacance entre deux locataires), le maintien du loyer en cas de baisse du marché, et enfin les risques de moins value à la revente à partir de la quinzième année...

Bref, de quoi nettement sécuriser un investissement réalisé à crédit !

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