ACTUS
La colocation à la mode Le 17/1/2001
UI - Actus - 17/1/2001 - La colocation à la mode
Très « tendance », elle a été popularisée par la série « friends ». plusieurs sites Internet sont même consacrés à cette façon de se loger qui tente bien les jeunes urbains célibataires. Mais est-ce si facile à faire, et encore plus à vivre dans la durée ? Force est de constater que ni les mœurs, ni la législation ne sont bien adaptés à ce mode de vie…

Vivre en groupe, avoir son intimité et disposer néanmoins des commodités d’un grand appartement en centre ville là où seul(e) on ne pourrait d’offrir qu’un studio en périphérie, c’est évidemment tentant ! Alors les petites annonces fleurissent sur les sites spécialisés, mais combien aboutissent ? Car de nombreux obstacles se dressent aux enthousiastes de ce mode de vie.

D’abord trouver l’appartement : à supposer que le groupe des volontaires à la colocation soit constitué, il faut trouver le propriétaire qui accepte une candidature de ce type ! Les bailleurs et avec eux les agents immobiliers et administrateurs de biens ont une fâcheuse tendance, surtout pour les grands appartements, à préférer les familles stables avec enfants…Si le groupe s’est constitué par petites annonces ou tout autre moyen pour l’occasion, mieux vaut que cela ne se voie pas trop…

La réticence des propriétaires s’explique : tout bailleur un tant soit peu avisé souhaite être assuré qu’il aura en permanence un nombre de colocataires totalisant des ressources suffisantes pour payer le loyer et les charges. Déjà dans des circonstances normales, il court des risques non négligeables en cas de divorce, séparation ou perte d’emploi. Avec trois ou quatre jeunes urbains célibataires, même gagnant correctement leur vie, on imagine l’appréhension : départs, demande de remplacement moins avantageux, apparition de concubins, partenaires de PACS voire d’époux(épouses) non prévus au programme qui pourront ultérieurement faire valoir un droit au logement – là la jurisprudence devra mettre les bouchées doubles car le droit au logement pour l’époux, le partenaire de PACS ou le concubin dans un contexte de colocation avec des tiers, ça ne doit pas manquer de piquant !… C’est sans aucun doute aller au devant d’une gestion pour le moins compliquée et juridiquement pointue, donc coûteuse, et à moins d’être inconscient et béatement ému devant une bande de jeunes pleins de bonne volonté, ou d’être juriste aguerri aimant les études de cas insolites, un propriétaire fuira naturellement ce type de situations !

A supposer néanmoins qu’un propriétaire accepte et propose un bail – après tout, la demande finira par susciter des vocations chez des bailleurs qui verront dans la colocation un moyen de louer un peu plus cher, les colocataires ont intérêt à mettre au point une solide organisation et à l’« acter » en bonne et due forme – l’appui d’un juriste n’est pas superflu – avant de signer le bail, car après ce sera trop tard !

Car la législation, et notamment la loi du 6 juillet 1989, ignore superbement la colocation, et il faut régler à l’avance un certain nombre de détails, comme l’affectation et l’usage des locaux privatifs, l’usage des parties communes, la solidarité dans le paiement du loyer et des charges, la répartition des dépenses d’assurance, d’entretien, de réparations et de consommations communes, la présentation d’un remplaçant en cas de départ et son agrément par le groupe des autres colocataires et par le bailleur – rappelons que celui-ci a la possibilité de considérer que le départ d’un seul vaut congé de tout le groupe sauf PACS ou mariage entre-temps, les modalités de la récupération de sa quote-part du dépôt de garantie par le partant, etc.…

On peut y ajouter quelques règles de vie commune pour éviter que cela tourne au retour de vacances entre ex-amis !

A moins de se limiter à des colocations à deux, plus faciles à mettre en œuvre, mais cela perd un peu de son charme…

UniversImmo.com

Copyright © 2000-2024 UniversImmo - SAS AEDév - tous droits réservés.