Alerte sur le logement parisien
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Les chiffres définitifs de l'immobilier parisien que publiera la chambre des notaires dans quelques semaines n'annonceront rien de bon. Ces statistiques ne devraient pas s'éloigner des estimations de la chambre syndicale, qui anticipe déjà un prix moyen du mètre carré des logements anciens à Paris de 19.000 francs, avec près de 40.000 transactions. A 19.000 francs, le mètre carré présente certes une hausse de 11,6 % qui porte à près de 25 % le rebond de l'immobilier parisien depuis son étiage de 1997 (15.298 francs/m2). Et le potentiel paraît encore substantiel si on garde en tête le record de 1991 à près de 23.000 francs/m2. Mais aujourd'hui, l'incertitude revient avec des perspectives en demi-teinte pour le logement. Pour s'en convaincre, il suffit d'observer le comportement de l'indicateur avancé de la société de gestion spécialiste de l'immobilier Acofi. Ce dernier montre à quel point le volume de transactions détermine les prix avec douze à dix-huit mois d'avance.
Tout gonflement des ventes de logements anciens se traduit par une hausse des prix quelques mois plus tard. C'est bien parce que les volumes sont passés de 35.000 à plus de 50.000 ventes, de 1981 à 1987, que la bulle de l'immobilier a pu gonfler jusqu'à l'extrême... avant d'éclater en 1991. Mais à cette date, les cessions avaient déjà brutalement chuté, selon une orientation enclenchée dès le tournant de 1990. C'est ainsi que les volumes de transactions divisés par plus de deux entre 1989 et 1992 expliquent l'effondrement des prix jusqu'en 1997, alors même que le niveau des échanges avait recommencé à s'étoffer dix-huit mois plus tôt. La fiabilité de cet indicateur avancé se vérifie, année après année, sur l'ensemble de la période qu'il analyse. Aussi la nette interruption de la hausse des transactions en 2000 qui se traduit pour l'ensemble de l'année par la perte de près de 3.000 ventes de logement (42.885 en 1999) doit être prise au sérieux. Ce signal est corroboré par les indicateurs développés par l'Institut de l'épargne immobilière et foncière (IEIF) qui annoncent déjà une « rupture » en 2001. Selon le directeur général de l'IEIF, Guy Marty : « Nous aurons cette année une franche décélération du rythme de hausse, même s'il est encore trop tôt pour savoir si le marché engendrera une baisse des prix ou une hausse moins affirmée. »
Ainsi, il est encore trop tôt pour distinguer précisément le scénario. Est-ce à nouveau le film de 1988 qui montrera une simple parenthèse avant une ultime et artificielle spéculation responsable d'un effondrement futur ? Ou faut-il voir les prémices d'une conjoncture simplement moins favorable avec un marché légèrement baissier ? Daniel Tondu gérant de la Sicav Cie immobilière Acofi se déclare, en tout cas, convaincu, au regard de son indicateur, que l'on ne reverra pas les sommets de prix de 1991, car les volumes qui s'essoufflent déjà ne le permettront pas. Les éternels optimistes préféreront ne voir dans ce recul qu'une pénurie dans la capitale. Crise de l'offre ou insuffisance de la demande ? Les faits sont là : sans les volumes, foin de hausse de prix…
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