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LeNabot
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13018 réponses |
Posté - 24 sept. 2007 : 15:24:09
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http://www.liberation.fr/actualite/economie_terre/280373.FR.php
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Larvée, souterraine, invisible… la crise financière actuelle n’en finit pas de faire des ravages. Par à-coups : à la fois brutaux et inattendus. On a cru la crise des subprimes sous contrôle début septembre mais le sauvetage en urgence, la semaine dernière, de la banque anglaise Northern Rock a pris les marchés, une fois de plus, au dépourvu. Economiste américain, James Galbraith décrypte les enjeux d’une possible régulation des marchés. Les images des files d’attente de la banque Northern Rock au Royaume-Uni font-elles planer le spectre d’un 1929 bis ? La crise était inévitable, et la contagion, réelle. On a vu des scènes de panique en Grande-Bretagne, sur fond d’irrationalité, de crise de confiance, de défiance enracinée. Ce n’est que le début d’une crise bancaire qui peut rappeler 1929, mais qui serait invisible. Les effets sur l’économie réelle se vérifient déjà avec la chute libre du marché du logement et bientôt sur la consommation et peut-être sur l’emploi. Cela affectera les pays qui exportent vers les Etats-Unis. En baissant les taux d’intérêts, la Fed, la Banque centrale américaine, utilise le seul levier qu’il lui reste, et cela peut préserver les Etats-Unis d’une crise majeure. Mais si on pousse les prédictions d’un «scénario du pire», où des taux à zéro ne suffiraient plus à enrayer la crise, alors, là… Mais les oracles de l’économie nous disent que les «fondamentaux sont bons», que «les entreprises sont prospères», que la «croissance mondiale est solide» … Oui, mais on disait précisément la même chose avant la crise de 1929. Les années 20 connurent le plein-emploi, sur fond de croissance insolente et de spéculation boursière, à l’image des années 90… Aux États-Unis, entre 1921 et 1929, la production industrielle avait augmenté de 50 %. Entre 1926 et 1929, le cours des actions avait grimpé de 120 %. Les autorités politiques et financières martelaient alors le même discours sur la confiance, la croissance, la prospérité durable. Le cycle actuel est similaire. Depuis 1995, les Etats-Unis connaissent une période de croissance à crédit, financée par les dettes privées des particuliers et des entreprises à la faveur d’abord de la bulle Internet, gonflée par des «business plans» reposant sur du vent, puis de cette bulle immobilière financée, elle, par les crédits hypothécaires reposant sur du vol. La même pantomime est à l’œuvre aujourd’hui. Autrement dit, les pilotes de l’avion ne contrôlent plus les commandes ? La panique bancaire pousse à agir dans l’urgence, pas à réfléchir sur la façon dont il faudrait empêcher les crises systémiques. Ce sont les gros spéculateurs qui ont poussé la banque centrale américaine à injecter beaucoup d’argent et donc à se renier. Le drame, c’est que les banques centrales, en jouant ce rôle de «prêteur en dernier ressort», ont encouragé les banques commerciales à multiplier les opérations aventureuses. Les réussites éventuelles se feront à leur profit et les échecs seront assumés par la collectivité. Donc, on absout les banques de tous les péchés. Dans l’affaire Nothern Rock, le gouvernement a volé au secours de la banque, assurant que l’Etat britannique garantirait l’épargne des clients. Comme lors de la crise de 1998, où l’on avait volé au secours du fonds LTCM, qui avait englouti 110 milliards de dollars… Dans les deux cas, c’était nécessaire, même si cela ne résout pas le problème des centaines de milliers de familles qui vont être expulsées de leur maison, et même si cela ne garantit en rien la pérennité de la croissance de l’économie. Finalement, le système financier n’apprend pas de ses erreurs ? C’est la vraie nature du système capitaliste que révèle cette crise. C’est-à-dire la privatisation des profits et la mutualisation des pertes. Pour éviter de passer notre temps à soigner les symptômes (et pas les causes), de passer de l’euphorie à la gueule de bois, il faut une réforme approfondie du marché des capitaux. Car l’instabilité n’a pas toujours été de mise ! Des années 50 aux années 70, par exemple, on n’avait presque pas ce genre de problème. Il existait un système de régulation publique qui était assez fort. Depuis les années 90, on est revenu aux années 20, à la régulation par le marché, et l’on voit ce que cela donne: on va de bulles en bulles et de krach en krach. Comment peut-on réguler aujourd’hui un tel système ? Réformer, aujourd’hui, c’est un peu appliquer de la criminologie à l’économie : il faut d’abord disséquer les preuves, les indices de fraudes, les complicités nombreuses, punir les coupables. Le plus dur, c’est de remonter la chaîne. Déceler, comme dans le circuit de l’argent sale de la drogue, quelles sont les banques qui ont recyclé ou injecté des fonds dans des institutions douteuses. Enquêter sur les agences de notation, qui, une fois, de plus, n’ont rien vu venir et ont validé l’état financier d’instruments spéculatifs frauduleux. Créer une autorité indépendante, une sorte d’agence sanitaire appliquée aux banques et aux crédits, pour éviter que se referment de tels pièges. Peut-on punir les crimes financiers sans changer le milieu dans lequel ils opèrent ? Oui, on l’a vu lors de la crise des caisses d’épargne américaines, il y a plus de quinze ans. Les autorités ont poursuivi plus d’un millier de personnes. Mais la vraie alternative passe par un rééquilibrage où l’intérêt privé ne primerait plus sur l’intérêt public. Où la régulation se ferait au profit des particuliers, des petits consommateurs de produits financiers, et non plus des grands acteurs du marché. Alan Greenspan, l’ex-patron de la Fed, prédit une crise économique virulente. Etonnant de la part d’un homme qui a alimenté les bulles successives ? Il dit la vérité. Il n’est plus contraint, il ne déguise plus ses mots.
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Ramer dans le sens du courant a toujours fait rire les crocodiles (proverbe africain). |
Edité par - LeNabot le 24 sept. 2007 15:26:21 |
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TITAN
Pilier de forums
1368 réponses |
Posté - 24 sept. 2007 : 15:53:58
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Citation : Initialement entré par LeNabot
http://www.liberation.fr/actualite/economie_terre/280373.FR.php
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Larvée, souterraine, invisible… la crise financière actuelle n’en finit pas de faire des ravages. Par à-coups : à la fois brutaux et inattendus. On a cru la crise des subprimes sous contrôle début septembre mais le sauvetage en urgence, la semaine dernière, de la banque anglaise Northern Rock a pris les marchés, une fois de plus, au dépourvu. Economiste américain, James Galbraith décrypte les enjeux d’une possible régulation des marchés. Les images des files d’attente de la banque Northern Rock au Royaume-Uni font-elles planer le spectre d’un 1929 bis ? La crise était inévitable, et la contagion, réelle. On a vu des scènes de panique en Grande-Bretagne, sur fond d’irrationalité, de crise de confiance, de défiance enracinée. Ce n’est que le début d’une crise bancaire qui peut rappeler 1929, mais qui serait invisible. Les effets sur l’économie réelle se vérifient déjà avec la chute libre du marché du logement et bientôt sur la consommation et peut-être sur l’emploi. Cela affectera les pays qui exportent vers les Etats-Unis. En baissant les taux d’intérêts, la Fed, la Banque centrale américaine, utilise le seul levier qu’il lui reste, et cela peut préserver les Etats-Unis d’une crise majeure. Mais si on pousse les prédictions d’un «scénario du pire», où des taux à zéro ne suffiraient plus à enrayer la crise, alors, là… Mais les oracles de l’économie nous disent que les «fondamentaux sont bons», que «les entreprises sont prospères», que la «croissance mondiale est solide» … Oui, mais on disait précisément la même chose avant la crise de 1929. Les années 20 connurent le plein-emploi, sur fond de croissance insolente et de spéculation boursière, à l’image des années 90… Aux États-Unis, entre 1921 et 1929, la production industrielle avait augmenté de 50 %. Entre 1926 et 1929, le cours des actions avait grimpé de 120 %. Les autorités politiques et financières martelaient alors le même discours sur la confiance, la croissance, la prospérité durable. Le cycle actuel est similaire. Depuis 1995, les Etats-Unis connaissent une période de croissance à crédit, financée par les dettes privées des particuliers et des entreprises à la faveur d’abord de la bulle Internet, gonflée par des «business plans» reposant sur du vent, puis de cette bulle immobilière financée, elle, par les crédits hypothécaires reposant sur du vol. La même pantomime est à l’œuvre aujourd’hui. Autrement dit, les pilotes de l’avion ne contrôlent plus les commandes ? La panique bancaire pousse à agir dans l’urgence, pas à réfléchir sur la façon dont il faudrait empêcher les crises systémiques. Ce sont les gros spéculateurs qui ont poussé la banque centrale américaine à injecter beaucoup d’argent et donc à se renier. Le drame, c’est que les banques centrales, en jouant ce rôle de «prêteur en dernier ressort», ont encouragé les banques commerciales à multiplier les opérations aventureuses. Les réussites éventuelles se feront à leur profit et les échecs seront assumés par la collectivité. Donc, on absout les banques de tous les péchés. Dans l’affaire Nothern Rock, le gouvernement a volé au secours de la banque, assurant que l’Etat britannique garantirait l’épargne des clients. Comme lors de la crise de 1998, où l’on avait volé au secours du fonds LTCM, qui avait englouti 110 milliards de dollars… Dans les deux cas, c’était nécessaire, même si cela ne résout pas le problème des centaines de milliers de familles qui vont être expulsées de leur maison, et même si cela ne garantit en rien la pérennité de la croissance de l’économie. Finalement, le système financier n’apprend pas de ses erreurs ? C’est la vraie nature du système capitaliste que révèle cette crise. C’est-à-dire la privatisation des profits et la mutualisation des pertes. Pour éviter de passer notre temps à soigner les symptômes (et pas les causes), de passer de l’euphorie à la gueule de bois, il faut une réforme approfondie du marché des capitaux. Car l’instabilité n’a pas toujours été de mise ! Des années 50 aux années 70, par exemple, on n’avait presque pas ce genre de problème. Il existait un système de régulation publique qui était assez fort. Depuis les années 90, on est revenu aux années 20, à la régulation par le marché, et l’on voit ce que cela donne: on va de bulles en bulles et de krach en krach. Comment peut-on réguler aujourd’hui un tel système ? Réformer, aujourd’hui, c’est un peu appliquer de la criminologie à l’économie : il faut d’abord disséquer les preuves, les indices de fraudes, les complicités nombreuses, punir les coupables. Le plus dur, c’est de remonter la chaîne. Déceler, comme dans le circuit de l’argent sale de la drogue, quelles sont les banques qui ont recyclé ou injecté des fonds dans des institutions douteuses. Enquêter sur les agences de notation, qui, une fois, de plus, n’ont rien vu venir et ont validé l’état financier d’instruments spéculatifs frauduleux. Créer une autorité indépendante, une sorte d’agence sanitaire appliquée aux banques et aux crédits, pour éviter que se referment de tels pièges. Peut-on punir les crimes financiers sans changer le milieu dans lequel ils opèrent ? Oui, on l’a vu lors de la crise des caisses d’épargne américaines, il y a plus de quinze ans. Les autorités ont poursuivi plus d’un millier de personnes. Mais la vraie alternative passe par un rééquilibrage où l’intérêt privé ne primerait plus sur l’intérêt public. Où la régulation se ferait au profit des particuliers, des petits consommateurs de produits financiers, et non plus des grands acteurs du marché. Alan Greenspan, l’ex-patron de la Fed, prédit une crise économique virulente. Etonnant de la part d’un homme qui a alimenté les bulles successives ? Il dit la vérité. Il n’est plus contraint, il ne déguise plus ses mots.
Oui,cela tient,le temps que les créanciers prêteront aux emprunteurs...! |
Edité par - TITAN le 24 sept. 2007 18:39:57 |
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