http://www.lemoniteur.fr/151-conjon...ne-grimacentConstruction : la France sourit, les USA et l'Espagne grimacentSortie de crise en ordre dispersé dans la construction avec un redressement en France, en Allemagne et au Royaume-Uni, mais pas de signe de reprise aux USA, en Italie et en Espagne. C'est ce qui ressort de l'étude sur la construction publiée mardi 7 juin par l'assureur-crédit Euler Hermes.
« Dans les pays entrés les premiers dans la crise économique, la construction peine à retrouver un nouveau dynamisme. C'est le cas en Espagne où le secteur est plongé dans une crise durable et, dans une moindre mesure, aux États-Unis et en Italie, explique Karine Berger, Directrice Marchés et Marketing d'Euler Hermes.
En revanche, la construction voit sa croissance confirmée en France, l'Allemagne amorce un redressement et le Royaume-Uni s'engage sur la voie du rétablissement ». Tous les pays ne sont donc pas logés à la même enseigne.
France : reprise des mises en chantier de 12% en 2 ans
Bien que les prix des logements aient augmenté plus fortement (+134% au cours des 10 dernières années) que les revenus des ménages (+35% sur la même période), la baisse des taux d'intérêt (6% en 2000, 3,1% en 2010 et environ 3,3% en 2011) et l'allongement du crédit ont préservé la solvabilité des ménages. Résultat : leur endettement est encore acceptable et il reste une marge de manœuvre d'endettement en comparaison à la plupart des autres pays. Les mises en chantier vont pouvoir progresser, estime l'étude d'Euler Hermes pour atteindre, en 2011, 360 000, soit une progression de 8% par rapport à l'année précédente. Cette reprise s'explique aussi par les besoins de logements non satisfaits et l'attrait des Français pour la propriété.
Allemagne : les mises en chantier progressent de 2% en 2011
Si le redressement est engagé comme en France, l'Allemagne présente une situation différente. Les prix des logements sont remarquablement stables, alors que les revenus ont augmenté en moyenne de 25% depuis l'an 2000. En revanche, le taux d'endettement des ménages est relativement élevé, du fait des investissements antérieurs liés au contexte de réunification. L'activité de construction reste cependant limitée et les mises en chantier progressent peu : +2% en 2011 pour atteindre 170 000. L'absence de pression démographique et le peu d'attirance des ménages allemands pour la propriété immobilière expliquent cette situation.
Royaume-Uni : mises en chantier en progression de 8% en 2 ans
Le Royaume-Uni présente une physionomie sensiblement identique à la France, sauf sur l'endettement (142% en 2010), ce qui laisse peu de marge de manœuvre pour de nouveaux emprunts, alors que les taux d'intérêt sont attractifs. Dans ce contexte, l'activité de la construction a augmenté de 8% en deux ans (116 000 en 2011) mais reste très en deçà du pic atteint en 2007 (229 000).
Italie : pas de reprise de mises en chantier
En Italie, les prix de l'immobilier ont progressé, depuis dix ans, plus vite que les revenus. Parallèlement les ménages italiens restent faiblement endettés en comparaison de leurs voisins, même si leur endettement a néanmoins doublé en 10 ans. Les mises en chantier stagnent à 156 000, niveau très en dessous du pic atteint en 2005 (279 000). L'activité de »meure faible et rien n'indique de changement de tendances à court ou moyen terme.
Espagne : secteur durablement en crise
L'Espagne s'installe dans une crise durable. Aucun indicateur ne permet d'espérer une amélioration de la situation. Après avoir doublé de 2000 à 2007, les prix ont perdu 13% en trois ans. Le taux d'endettement des ménages stagne à un niveau élevé après avoir quasiment doublé en 10 ans. Depuis le pic de 2006 à 702 000, le nombre de mises en chantier a été divisé par 7 pour atteindre, en 2011, 106 000. Il est vrai que les stocks d'invendus sont estimés à 650 000 logements et que 82% des ménages espagnols sont déjà propriétaires. Le secteur de la construction, ex-moteur de la croissance, est depuis trois ans en crise chronique.
Etats-Unis : les mises en chantier bloquées depuis 2009
Avec la crise économique, les prix de l'immobilier ont reculé de 10% au cours des trois dernières années. Les ménages restent fortement endettés et ne profitent plus des taux d'intérêt encore faibles. Résultat : les mises en chantier sont pénalisées (569 000 en 2011, niveau identique depuis 2009), d'autant que plus que le stock d'invendus avoisine les 3 millions de maisons. Aujourd'hui, aucun signe ne laisse présager d'une reprise de la construction.