http://www.lemoniteur.fr/133-amenag...n-ravalementBientôt de la pub sur les bâches des immeubles d'habitation en ravalementAprès les monuments historiques, les immeubles d'habitation pourront à leur tour financer leur ravalement en louant leur échafaudage à des marques, une disposition issue du Grenelle qui mécontente les anti-pub sans pour autant satisfaire les acteurs de l'immobilier.La loi Grenelle II a étendu aux immeubles en copropriété la possibilité d'installer sur un échafaudage une bâche de chantier pour y apposer de la publicité.
Le projet de décret sur l'affichage, dans sa dernière version publique, encadre toutefois sévèrement cette possibilité, en limitant à 12 m2 l'espace publicitaire. Comme c'est le cas pour les monuments historiques, il ne pourra pas non plus excéder 50% de la surface de la bâche. En outre, les bâches de chantier seront soumises à une autorisation préalable.
"12 m2 ? Un timbre poste !"Dans une tentative pour peser sur la rédaction de ce décret, qui devrait être publié d'ici la mi-juillet, les quatre principaux syndicats de professionnels de l'immobilier sont montés au créneau mercredi 11 mai.
Dans un communiqué commun, ils ont appelé à la suppression de ces restrictions qui auront "un impact extrêmement négatif sur le pouvoir d'achat des ménages et les projets de travaux de rénovation du patrimoine immobilier des particuliers".
"12 m2, c'est un timbre-poste, ça n'intéressera aucun annonceur!" compte tenu des coûts de confection de la bâche et d'impression de la publicité, affirme-t-on à l'Union nationale de la propriété immobilière (Unpi).
Sachant qu'un bon emplacement dans une grande ville française peut rapporter 80.000 euros par mois et que les travaux durent en moyenne un trimestre, le manque à gagner serait de l'ordre de 240.000 euros, calcule le syndicat.
Et de souligner la contradiction entre l'esprit du Grenelle de l'Environnement qui encourage les travaux de rénovation énergétique et ces restrictions qui privent les copropriétaires des moyens de les réaliser.
Au ministère de l'Ecologie, on s'étonne de l'opposition suscitée par ce texte qui, fait-on valoir, "ouvre une possibilité qui n'existait pas avant".
"Pollution visuelle"Du côté des anti-pub, on estime que financer la rénovation urbaine par la publicité revient à dessaisir les pouvoirs publics de leurs prérogatives, comme de lever l'impôt, au profit du privé.
Pour Nicolas Hervé du Collectif de Déboulonneurs, cette disposition consacrerait ainsi une "inégalité de traitement" entre les immeubles bien placés, qui pourront bénéficier de la "manne publicitaire", et les autres. Sans parler de la "pollution visuelle" qu'elle ne va pas manquer d'aggraver.
Mais pour l'Unpi, "une pub temporaire, pendant trois mois, ça ne gêne personne, ça embellit la ville et ça masque les échafaudages". Qui plus est, la bâche protège mieux les passants que le filet tendu sur l'échafaudage.
"Il ne faut pas ostraciser la publicité pour des raisons idéologiques", ajoute le syndicat pour qui le "vrai problème, c'est l'entrée des villes".