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LeNabot
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Posté - 05 févr. 2008 : 13:30:26
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Le Monde du 4 février 2008.
C'est l'histoire d'une crise financière planétaire, dont personne n'avait anticipé ni l'ampleur ni l'impact. Sous le terme barbare de subprimes se cachent des crédits immobiliers gagés sur la valeur des biens acquis, accordés à des ménages modestes, principalement situés en Californie, en Floride et au Texas.
Ces prêts, d'un montant total de 1 200 milliards de dollars (806 milliards d'euros), ont été distribués à partir du début des années 2000 par des sociétés de crédit échappant au contrôle des autorités de régulation. Découpés et insérés dans des produits financiers complexes qui en ont démultiplié le risque, ils ont été revendus à des banques et des investisseurs du monde entier. Il n'a fallu que quelques mois pour que les défauts de paiement sur ces subprimes contaminent la planète. Aujourd'hui, cette crise menace de déstabiliser l'économie mondiale.
Aux Etats-Unis, des pans entiers de l'industrie souffrent : les banques, qui ont agi de manière imprudente, l'immobilier, la construction, etc. La croissance ralentit, le chômage grimpe et l'inflation guette. La première économie mondiale menace de plonger dans la récession et d'entraîner dans sa chute ses partenaires commerciaux, l'Europe et l'Asie.
Les autorités politiques tentent de rassurer, mais les économistes s'inquiètent. Robert Reich, conseiller économique de Barack Obama, candidat à l'investiture démocrate à la présidentielle américaine, évoque une situation "potentiellement vraiment grave".
"Entre 2004 et 2007, nous avons vécu l'un des cycles de croissance les plus exceptionnels depuis 1945, tant par sa durée que par sa robustesse", rappelle Alain Bokobza, stratège à la Société générale. Ce cycle s'est brutalement interrompu à l'été 2007, aux premières manifestations de la crise.
SOMBRES SCÉNARIOS
En juin 2007, deux fonds spéculatifs (hedge funds) de la banque Bear Stearns frôlent la banqueroute. Le marché croit revivre la faillite du fonds Long Term Capital Management (LTCM), qui avait déstabilisé la finance mondiale en 1998. Ce sera pire. Depuis l'été 2007, les pertes des banques ne cessent de s'alourdir, aux Etats-Unis mais aussi en Europe et au Japon. L'agence Standard & Poor's chiffre le coût de la crise, pour le secteur financier mondial, à 265 milliards de dollars.
Les économistes avancent de sombres scénarios. En France, Jacques Attali, l'ex-conseiller de François Mitterrand à l'Elysée, va jusqu'à faire le parallèle avec la grande dépression de 1929. Il n'est pas le seul. "Les Etats-Unis vont revivre Les Raisins de la colère, et il n'y a aucune raison pour que l'Europe ne soit pas touchée", insiste Philippe Dessertine, professeur à l'université Paris-X.
Comment en est-on arrivé là ? Pour de nombreux experts, les subprimes sont un révélateur des dysfonctionnements du modèle économique américain. Un modèle qui a largement "fonctionné" à crédit. Pour résoudre la crise qui a suivi les attentats du 11 septembre, la Réserve fédérale américaine (Fed) a réduit de façon drastique ses taux - qui déterminent le coût du crédit -, de 6 % en 2001 jusqu'à 1 % en 2003. La méthode, efficace, a permis aux entreprises d'investir et aux ménages de consommer. Mais la machine s'est emballée. "Début 2007, nous savions que quelque chose allait craquer, mais nous ignorions où", se souvient un banquier d'affaires.
La "financiarisation" de l'économie, excessive et mal contrôlée, fait débat. "La finance moderne se résume à ôter les risques des épaules de ceux qui sont capables de les porter (les banques), pour les mettre sur les épaules de ceux qui sont incapables de les comprendre", résume Martin Wolf, éditorialiste au Financial Times.
De son côté, l'économiste Olivier Pastré observe les effets pervers de la crise : "La crise des subprimes est arrivée par les pauvres (aux Etats-Unis). Elle se répercutera sur les pauvres." Le renchérissement attendu du coût du crédit pénalisera les emprunteurs les plus modestes, ainsi que les PME, dans les pays riches. Les pays émergents risquent aussi de souffrir. A moins que certains, comme la Chine et l'Inde, ne démontrent, au contraire, leur résistance à la crise, modifiant ainsi les équilibres mondiaux.
Claire Gatinois et Anne Michel
Article paru dans l'édition du 05.02.08
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Ramer dans le sens du courant a toujours fait rire les crocodiles (proverbe africain). |
Edité par - LeNabot le 05 févr. 2008 13:31:29 |
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