Source : lesechos.fr
Date : 16/02/2011
http://lecercle.lesechos.fr/node/33443
citation:
Il faut en finir avec l'indécence consistant à s'extasier sur le boom de l'immobilier. Si 58 % de nos compatriotes ont accédé à la propriété, beaucoup le font dans des conditions à la limite du supportable. Il est urgent de stabiliser les prix du logement et de revenir à une corrélation avec l'évolution du pouvoir d'achat.
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Le rapport annuel de la Fondation Abbé-Pierre de janvier 2011 a démontré, s'il en était besoin, la difficile situation du logement des Français. Il y a une véritable indécence dans ce contexte à s'extasier sur le boom de l'immobilier à partir de slogans sur le retour à la flambée des prix. C'est en fait une très mauvaise nouvelle qui rend illusoire le projet d'une France de propriétaires : si 58 % de nos compatriotes ont accédé à la propriété, combien le font dans des conditions à la limite du supportable, en s'endettant sur de trop longues périodes pour un logement trop petit ou trop éloigné des lieux de travail ? L'accession est portée par la perspective d'empocher une solide plus-value à la revente, rêve qui pourrait se transformer en cauchemar. Car, pas plus que les arbres, les prix ne monteront au ciel. Le pouvoir d'achat moyen en berne des Français ne leur permettra plus longtemps d'entrer dans la chaîne de l'accession notamment pour un bien familial. C'est presque déjà le cas à Paris, en dépit des efforts méritoires de la Ville pour réhabiliter et augmenter le parc locatif. Il faut éviter que cette ségrégation de fait de l'habitat s'étende aux banlieues et à la province.
Il est urgent de stabiliser les prix des logements, comme c'est le cas en Allemagne depuis longtemps, et de revenir à une corrélation avec l'évolution du pouvoir d'achat. Il n'est pas bon pour notre pays que les habitants consacrent une part aussi élevée de leurs revenus pour se loger. C'est autant qui ne sera pas employé de manière productive. Il n'est pas bon que les prix de l'ancien, dont la qualité et les performances sont inégales, rejoignent les prix du neuf, eux-mêmes autant gonflés par la spéculation foncière que par l'application successive de normes toutes raisonnables isolément (environnement, accessibilité, mesurage...) mais dont l'addition commence à peser.