C'est ce qui semble se confirmer après les déclarations de responsables politiques ces derniers jours et la visite du président de la République dans les communes sinistrées le 17 mars. D'ores et déjà le préfet de Vendée, Jean-Jacques Brot, a interdit toute construction à La Faute-sur-Mer et Aiguillon-sur-Mer, où 174 bâtiments font l'objet d'arrêtés de péril. D'après le quotidien le Monde, le Conservatoire du littoral a déjà été approché pour prendre part à la destruction des constructions existantes, celles irrémédiablement compromises et celles qui seraient réparables, et le retour à la nature ou à l'agriculture des secteurs particulièrement dangereux.
Déjà le 10 mars, le secrétaire d'Etat au logement, Benoist Apparu, avait annoncé l'éventualité que la reconstruction de maisons ne serait pas autorisée "dès lors qu'il y a mise en danger de la vie de personnes", l'Etat intervenant "en rachetant la maison, de gré à gré ou même, s'il le faut, par expropriation". Le recours aux fonds européens a été évoqué.
"Dans les quinze jours qui viennent, nous allons faire un micro-zonage, délimiter les zones sur lesquelles on ne veut pas de reconstruction", avait-il précisé, estimant qu'il ne fallait pas prendre de risque dans "la cuvette de La Faute-sur-Mer". Le président du conseil général de Vendée, Philippe de Villiers, avait renchéri en demandant que "cet épicentre de la tragédie [soit] restitué à sa vocation naturelle de marais"...
Les pouvoirs publics risquent de se voir confrontés brutalement aux conséquences de leur laisser faire de ces dernières décennies. Le président de la République n'a pas minimisé la situation le 17 mars en rappelant que sur 864 communes inondables seules 46 disposent d'un plan de prévention approuvé. "Ce n'est plus tolérable", a-t-il lancé pour demander que, "d'ici à trois ans, toutes les communes situées dans les zones à risques soient couvertes par un plan de prévention".
Le plan de prévention des risques d'inondation (PPRI), élaboré par la préfecture de Vendée en 2008 et enlisé dans les discussions depuis, devrait notamment être désormais rapidement finalisé. Or ce plan place en zone rouge, inconstructible, la majeure partie de La Faute-sur-Mer et 250 maisons de la pointe de L'Aiguillon. A Charron, en Charente-Maritime, où n'existe aucun PPRI, le maire, Jean-François Faget, craint que la préfecture inscrive en rouge tout ce qui a été inondé, soit environ 200 maisons", selon le quotidien le Monde.
Les décisions ne seront pas faciles à prendre, et le risque est qu'en attendant, une fois en zone rouge, les maisons se voient interdites de permis de construire et d'autorisations de travaux. Celles qui ont été fragilisées par la tempête devront être abandonnées, et celles qui sont encore habitables seront condamnées à se dégrader, au risque de former des poches d'insalubrité.
L'alternative est de tout raser et aider les habitants à se reloger. Mais cela risque de ne pas être simple. A La Faute-sur-Mer et à la pointe de l'Aiguillon, des habitants ont créé des associations pour s'opposer à l'expropriation et à défaut obtenir une bonne indemnisation. La crainte est que celle-ci couvre le prix de la maison mais pas la valeur du terrain... qui n'en a plus ! Du coup, les sinistrés ne pourront pas avec l'argent touché faire construire ailleurs dans le secteur...
A noter aussi que plus généralement, et notamment hors zones rouges, va se poser le problème de la perte de valeur de nombreux terrains. Le bouleversement du marché immobilier du littoral est en tous cas engagé...
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