Ce n'est pas encore en 2010 que le retard dans la construction de logements sera comblé : selon les chiffres publiés par le ministère de l'écologie, en charge de l'urbanisme et de la construction, les mises en chantier de logements neufs ont tout juste dépassé la barre des 300.000 (309.744 unités), en hausse d'un petit 3,3% par rapport à 2009, année noire de la crise, où la construction n'a survécu que grâce à la perfusion du plan de relance... La construction de maisons individuelles a continué de baisser avec 127.661 unités (-5,1% par rapport à 2009), et les collectifs ont augmenté un peu avec 143.957 unités (+4,2% - constructions des promoteurs et logement social, à peu près pour moitié chacun). l'individuel groupé (lotissement) a par contre fait un "carton", avec 58.285 unités (+22,8%) et la construction de logements en résidence se porte également bien, avec 21.115 unités (+15%).
Les taux d'intérêt d'emprunt très favorables et le plan de relance, avec le doublement du prêt à taux zéro et le Pass-foncier n'auront pas suffi : on reste loin des 435.000 logements mis en chantier en 2007 (1), et encore plus de l'objectif des 500.000 fixé pendant la campagne présidentielle et affiché jusque il y a peu encore par le gouvernement.
Les permis de construire continuent à se redresser mais restent à un niveau bas avec 396.046 unités tous types compris, la plus forte progression sur un an étant celle des maisons individuelles (167.140 unités, +21,6% sur un an), les logements collectifs progressant également bien (180.372 unités, +16,9%).
380 à 400.000 logements nouveaux par an sont considérés comme le minimum permettant d'éviter encore de creuser le déficit par rapport aux besoins. Compte tenu du temps nécessaire pour passer du permis à la mise en chantier et des "pertes en ligne" habituelles entre les deux, il est peu probable que cet objectif modeste puisse être atteint en 2011.
D'autant que la promotion immobilière fait grise mine : les ventes aux investisseurs ont représenté deux tiers des transactions en 2010. Elles risquent de chuter avec le rabotage du dispositif "Scellier", qui les rend moins attractives. Enfin, compte tenu des financements accordés en 2007-2009 et le temps qu'il faut pour arriver à la construction effective, les mises en chantier de logements sociaux, qui ont atteint les 71.000 unités l'année dernière, ne pourront pas monter plus haut que 80 à 90.000.
Inquiétude aussi sur le front des prix du neuf : pénurie de foncier et hausse des prix des terrains d'un côté, hausse des coûts de construction de l'autre en raison de la nouvelle règlementation thermique que les promoteurs ont décider d'anticiper pour soutenir le marché, vont se cumuler pour exercer une pression irrésistible à la hausse des prix à la vente...
(1) SESP Info Rapides n°412, janvier 20078
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