Pour la septième année consécutive, l'UNEF (Union nationale des étudiants de France) publie une enquête sur le pouvoir d'achat des étudiants ; la dernière livraison met en évidence une augmentation du coût de la vie étudiante de 4,1%, soit deux fois plus vite que l'inflation (2,1% selon l'INSEE). Sans surprise, cette augmentation s'explique en grande partie par la flambée des dépenses liées au logement, en particulier les loyers de relocation en hausse dans le parc locatif privé de 8,9% à Paris et de 1,9% en région.
Dans sa dernière édition de son Guide du Logement Etudiant, le réseaux d'agences immobilières Century 21, estime dans le parc immobilier privé le montant du loyer mensuel pour un logement de 15 à 20 m2 de 500 à 850 euros à Paris, de 400 à 700 dans le reste de l'Ile-de-France, 330 à 450 à Strasbourg, 300 à 430 à Rouen, 350 à 400 à Caen, 300 à 400 à Toulouse, 430 à 600 à Nice, 330 à 430 à Nantes, 400 à 500 à Lille, 360 à 460 à Bordeaux, 350 à 450 à Rennes, etc. les villes les moins chères sont Angoulême (200 à 300) et Besançon (200 à 390)...
Or le logement reste le poste principal de dépenses des étudiants : il représente en effet en moyenne 50% du budget annuel d'un étudiant. Le poids de cette hausse est alourdi par l'absence de revalorisation des aides au logement (APL/ALS). Depuis l'an dernier, la part du loyer à charge des étudiants a augmenté de 11% à Paris et de 2,5% en Province.
L'indice du coût de la vie étudiante est aussi tiré vers le haut par la hausse des frais d'inscriptions, du montant de la cotisation à la sécurité sociale étudiante et du prix du ticket restaurant universitaire représentent à elles seules une augmentation de 4,4% du coût de la vie.
L'UNEF met aussi en avant qu'en moyenne, depuis 2006, les dépenses obligatoires ont augmenté de 33,2% tandis que les aides sociales n'ont augmenté que de 13% (2,5 fois moins que les dépenses). Seules les dernières mesures appliquées au système d'aide (demi dixième mois de bourse, 6ème échelon de bourse), ont permis aux étudiants boursiers de limiter la dégradation de leur pouvoir d'achat. Mais cette amélioration ne concerne que 21,5% des étudiants. Près de 8 étudiants sur dix n'ont été concernés par aucune mesure sociale depuis 2001. Pire, les seuls aides destinées aux étudiants non boursiers (aides d'urgence des CROUS ou FNAU), ont subi des coupes budgétaires importantes cette année (-9,5 millions d'euros).
Du coup, l'UNEF dénonce un mouvement net de reflux de la démocratisation de l'enseignement supérieur : depuis 2006, la part des étudiants dans l'enseignement supérieur issus des foyers les plus modestes a baissé selon elle de 18,1 points, mettant encore un peu plus à mal le modèle républicain de l'ascenseur social. Pour la plupart des étudiants, en particulier issus des classes moyennes et populaires, le recours au salariat étudiant, premier facteur d'échec, est alors inévitable.
Le gouvernement veut au moins convaincre qu'il entend le signal d'alarme en annonçant le 26 août qu'il accepte le versement réclamé d'un dixième mois de bourse, promis par le chef de l'Etat, mais objet d'hésitations ces dernières semaines...
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