Alléger les règlementations qui augmentent les coûts de construction, supprimer le permis de construire en zone urbaine, vendre la moitié du parc social qui fait concurrence au privé, refonder les rapports locatifs (lire les rééquilibrer en faveur des propriétaires), supprimer les aides à la pierre pour les remplacer par un renforcement des aides à la personne, création d'une garantie obligatoire contre les impayés à la charge des seuls locataires : les propriétaires immobiliers se veulent force de proposition et présentent pour un futur ministre du logement une politique clés en mains ! Pas moins de 60 propositions censées constituer un tout cohérent et réunies dans un "Livre" signé de Jean Perrin, président de l'UNPI (Union nationale de la propriété immobilière), fédération des chambres de propriétaires revendiquant 250.000 adhérents, en majorité propriétaires bailleurs.
Partant du constat que depuis plus de 50 ans, tous les plans gouvernementaux auraient échoué, l'UNPI qui publiait jusqu'ici des "livres blancs", veut cette fois, à la veille des élections présidentielles, "bousculer les idées reçues, susciter de saines controverses et faire des propositions concrètes en matière de politique du logement : construction, rapports locatifs et parc HLM (vente du parc de logements publics)". S'estimant "seule représentante des 25 millions de propriétaires immobiliers privés", elle appelle à réunir un "Grenelle des rapports locatifs", favoriser la démolition reconstruction, produire des "logements essentiels" à bas coût, à moins de 1000 euros le m2 (elle fait même appel à des constructeurs chinois pour proposer des solutions constructives nouvelles...), bref, à faire tout le contraire de ce qui a été fait. "Pour un ministre du Logement, à l’aube d’un nouveau quinquennat, l’audace, sera d’aller à l’essentiel. Il trouvera dans cet ouvrage sa feuille de route", indique le communiqué de présentation...
Pour ce qui est de l'audace, Jean Perrin n'en manque pas, mais le reproche qu'il fait à nos gouvernants, d'ignorer les réalités du terrain, souvent justifié, peut aussi lui être retourné, quand il dénonce les règlementations et restrictions inutiles des droits des propriétaires, appelant à faire confiance au marché et à la fibre sociale des bailleurs pour réguler les excès. En tous cas, à contre courant de l'air du temps, il est peu probable qu'il soit suivi...
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