Avec des mises en chantier sur les 3 derniers mois (février à avril 2012) en baisse de 22% par rapport aux 3 mois précédents (novembre 2011 à janvier 2012), la construction neuve fait grise mine. C'est ce qui ressort des derniers chiffres publiés par le ministère du logement le 30 mai. Sur 12 mois, elles plafonnent à 358.119 logements, contre un objectif affiché unanime de 500.000 des principaux candidats de l'élection présidentielle...
Les autorisations de construire se maintiennent à un niveau élevé (484.110 unités), mais c'est un chiffre en trompe l'oeil : de nombreux permis de construire de maisons individuelles sont abandonnés par les demandeurs particuliers qui n'arrivent pas à boucler leur opération, ou dans le collectif par les promoteurs avant même la mise en vente, ou lorsque la commercialisation n'atteint pas un seuil minimum.
Et justement, la commercialisation de logements neufs de promoteurs est aussi en berne : au premier trimestre 2012, seuls 19.600 logements
ont été vendus, soit 14,4% de moins qu'au premier trimestre 2011, qui accusait déjà le coup après le premier "rabotage" du "Scellier". Sur les
quatre derniers trimestres, le nombre de ventes s'élève à 101.000 soit 9,4% de moins qu'au cours des quatre trimestres précédents. Les mises en vente s'étant poursuivies à bon rythme (seulement -2,8% au 1er trimestre par rapport au premier trimestre 2011 et 120.000 logements sur les quatre derniers trimestres, soit près du record absolu des ventes avant la crise), l'encours de logements neufs proposés à la vente s'est accru mécaniquement de 23,4% par rapport à celui de fin mars 2011. Il atteint 79.300 logements, le délai moyen d'écoulement passant en un an de 7 mois à 9 mois et demi pour les logements collectifs et de 10 mois à 11 mois pour les logements individuels. Il s'agit là d'un "stock" plus virtuel que réel, une partie seulement de ces logements étant achevée ou en cours de construction, les promoteurs ayant acquis une grande agilité dans l'ajustement de la construction à la demande, d'où au demeurant la chute des mises en chantier...
Au premier trimestre 2012, le prix moyen au mètre carré des logements en immeubles collectifs est supérieur de 1,7 % à ce qu'il était au premier trimestre 2011. Dans l'individuel, le prix moyen du lot s'est accru de 2,9 %. En fait, ces taux d'augmentation restent modestes eu égard au fait que, notamment dans le collectif, les promoteurs ont pour la plupart intégré par anticipation la "RT 2012" (la règlementation thermique issue du "Grenelle de l'environnement".
A noter que ces chiffres paraissent le lendemain de la confirmation par le nouveau gouvernement de la suppression définitive fin 2012 du régime "Scellier", le dernier en date des dispositifs d'incitation fiscale à l'investissement locatif, qui maintenait, faute d'accédants à la propriété solvables, le neuf sous perfusion. Il est vrai pour une construction pas forcément adaptée aux besoins et pour un coût en fonds publics jugé largement excessif... Rappelons avant que le lobbies du bâtiment et de la promotion immobilière - surtout celle qui s'est "shootée" à la "défiscalisation" - ne l'imputent aux nouveaux arrivants, que cette suppression programmée date de la loi de finances pour 2012, votée en décembre dernier, et que le président sortant avait lui-même prévenu qu'il fallait se désintoxiquer des subventions à la construction...
L'industrie de la construction de logements n'est pas pour autant en péril : du moins si elle sait se reconvertir au logement intermédiaire ou social qui ne manqueront pas d'être fortement aidés. D'ores et déjà les grands promoteurs travaillent pour les bailleurs sociaux en réalisant des programmes en "VEFA" dans lesquels les offices ou sociétés d'HLM se réservent une part si ce n'est la totalité des logements.
|