C'est la prévision de François Payelle, président de la Fédération des promoteurs immobiliers (FPI), qui tenait son congrès les 13 et 14 juin à Tours. Un tel nombre de ventes représente une chute vertigineuse de plus de 40% par rapport aux niveaux atteints avant la crise (près de 120.000 ventes) ! Au premier trimestre les ventes de logements ont encore reculé de 6,9% par rapport à 2012 (15.988 unités). Celles aux investisseurs sont en retrait de 23% et ne représentent pour ce trimestre que 34% de la clientèle des promoteurs, alors qu'elles ont représenté près de 60% au beau temps du "Robien". En revanche, les ventes en accession progressent d'un petit 4% à 9.960 logements. Parallèlement, la chute des mises en vente au premier trimestre 2013 est spectaculaire (-33 %), signe de grande prudence et d'inquiétude des promoteurs, qui reportent beaucoup d'opérations afin de ne pas constituer de stocks.
En cause, selon François Payelle, dans un entretien avec le Moniteur : les conditions d'octroi de crédit bancaire, qui se sont durcies pour les professionnels et pour les particuliers, et la crise économique qui n'encourage pas les acquéreurs potentiels à passer à l'acte. Du côté des investisseurs, le début d'année est traditionnellement mou, surtout après un changement de régime fiscal (du "Scellier" au "Duflot"). Mais il n'empêche que le niveau atteint est particulièrement bas.
Egalement, un certain nombre d'opérations sont repensées car le prix du foncier est devenu trop élevé. Parfois des renégociations sont possibles mais dans certains cas le projet est purement et simplement abandonné.
Pour François Payelle, 70.000 ventes sont un seuil en dessous duquel il vaudrait mieux ne pas descendre sous peine d'altérer durablement l'outil de production. "Pour l'instant, l'accession semble s'être stabilisée. Il faut donc que le Duflot prenne toute sa mesure. Si le dispositif est rapidement et définitivement calé, le deuxième semestre sera meilleur. Il faut tout d'abord stabiliser le dispositif Duflot très rapidement pour que les promoteurs sachent ce qu'ils vont vendre au-delà du 1er juillet. La période transitoire s'achève à cette date et nous avons besoin de connaître les éventuelles modulations de loyers préconisées par les préfets et les communes éligibles en zone B2. Il n'y a rien de plus bloquant que l'incertitude", a-t-il souligné dans cet entretien.
Il faudrait selon lui également revoir la politique d'accession à la propriété. La petite modification du PTZ+ introduite début 2013, sous contrainte budgétaire, pour allonger le différé d'amortissement des deux premières tranches de revenus n'est pas suffisante. Il faudrait étendre le différé d'amortissement à 100% y compris pour la troisième tranche de revenu. Et de recommander d'étudier aussi des mécanismes permettant de dissocier nue-propriété et usufruit, de distinguer propriété du sol et bail à construction, y compris dans le secteur privé. "Il n'y a pas de raison que la Grande-Bretagne ait réussi à instaurer un régime emphytéotique long et pas nous", indique-t-il...
Enfin, il n'y a que peu d'espoir de voir baisser les prix à court terme, ceux-ci étant contraints par les prix de revient. Or si le prix présenté est trop cher, le produit ne se vend pas et l'opération ne se fait pas puisque la banque exige un taux de pré-commercialisation d'au moins 50% pour financer les travaux. "Dans la mesure où il est difficile d'imaginer que les taxes peuvent diminuer, les deux seuls leviers sont le prix du foncier et le coût des travaux", rappelle François Payelle...
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