Le Premier ministre, Manuel Valls avait à peine annoncé, parmi les mesures destinées à relancer la construction et l'immobilier présentées le 29 août, la limitation à la seule Ville de Paris, et "à titre expérimental", de la mise en œuvre de l'encadrement des loyers prévu par la loi "ALUR" du 24 mars 2014, que dès le lendemain, la maire de Lille, Martine Aubry, déclarait souhaiter aussi que sa ville "reconnue comme la troisième ville la plus chère de France", et d'autres villes volontaires puissent "expérimenter" l'encadrement.
Manuel Valls a réagi sans tarder, donnant son accord dans Le Journal du Dimanche du 31 août : "si en plus de Paris, d'autres villes comme Lille sont volontaires pour expérimenter l'encadrement des loyers, qu'elles le fassent" a-t-il déclaré. Du coup, dans la journée du 1er septembre, le président de la communauté d'agglomération grenobloise, Christophe Ferrari, emboîtait le pas de Martine Aubry, déclarant qu'il souhaitait lui aussi expérimenter l'encadrement des loyers...
D'obligatoire dans toutes les zones tendues, l'encadrement des loyers devient ainsi facultatif - sauf à Paris -, à l'initiative des villes qui souhaitent l'instaurer. Heureusement pour le Premier ministre, cela se limitera aux villes restées à gauche aux dernières municipales, et il y en a beaucoup moins qu'avant. Autrement, il aurait risqué de voir sa mesure de relance de la construction battue en brèche, car ce "détricotage" de la loi ALUR était censé casser le supposé "attentisme" des investisseurs, allégué opportunément par les professionnels pour expliquer le recul de la part des investisseurs dans les achats de logements neufs ces dernières années. Ils auraient retenu leurs acquisitions en attendant de connaître le niveau de loyers que leur permettrait l'encadrement. En réalité, cet "attentisme" s'est manifesté depuis bien plus longtemps, avant même que le candidat Hollande n'ait annoncé l'encadrement des loyers dans son programme de campagne : en fait très exactement depuis les rabotages successifs des "niches fiscales" et de la défiscalisation "Scellier", la disparition des anticipations de plus-values rapides, la restriction des conditions d'octroi des crédits immobiliers par les banques et l'installation d'un climat économique durablement dépressif qui n'incite pas à s'exposer plus que de raisonnable dans des investissements locatifs à crédit...
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