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Immobilier en Ile-de-France : accumulation des alertes à la concentration spatiale des inégalités
21/10/2019
Gérard Lacoste et Mariette Sagot, chacun urbaniste économiste, ont publié sur le site Politiques du Logement.com un article (1) intitulé « Mutations sociales et marché immobilier en Ile-de-France » qui vient confirmer l’état des lieux sur la situation du mal-logement en Ile de-France dressé par la Fondation Abbé Pierre début octobre. Les deux auteurs partent du même constat, la région capitale est la plus riche mais aussi la plus inégalitaire du pays.
Cependant, la région Île de France est loin d’être homogène. Les auteurs analysent les disparités de cette mosaïque territoriale. Ainsi, selon les auteurs, la Seine-Saint-Denis est le département où les revenus sont les plus faibles de France bien que limitrophe des Hauts-de-Seine et de Paris les deux départements les plus aisés. La moitié des ménages relevant du 10ème décile francilien (le plus aisé) réside dans 26 communes, dont 17 arrondissements parisiens, quand la moitié des plus pauvres (1er décile) résident dans 46 communes. Cette géographie sociale reflète la composition locale des différents statuts d’occupation (parc social, locatif privé, propriété) mais plus encore celle des prix immobiliers.
Ils constatent également, qu’à l’échelle des territoires, la période 2000-2015 a connu une montée des inégalités de revenus des ménages entre communes et quartiers franciliens et un renforcement des contrastes entre secteurs aisés et secteurs pauvres au cœur même de l’agglomération. Les espaces aisés se sont consolidés par enrichissement et diffusion de la richesse dans les territoires limitrophes un peu moins aisés, quand des pans urbains entiers se sont au contraire paupérisés. Dans 44 des communes parmi les plus pauvres de la région, où vivent 15 % des Franciliens, le revenu médian en euros constants a baissé entre 2001 et 2015. Ces quinze années sont aussi marquées par une forte valorisation de la centralité parisienne par les cadres, qui s’implantent de plus en plus dans les arrondissements mixtes de l’est et du nord-est de la capitale et dans certains quartiers de communes pauvres qui jouxtent Paris au nord ou au sud (phénomène dit de "gentrification").
Quant à la pauvreté, elle est avant tout urbaine et proche du centre de la région. En grande couronne, elle se concentre dans les agglomérations secondaires qui disposent d’un parc social conséquent comme à Meaux, Mantes-la-Jolie, Etampes, Persan ou encore Montereau-Fault-Yonne. Le périurbain se caractérise globalement par une sous-représentation des ménages extrêmes en termes de revenu (hormis le périurbain yvelinois nettement plus aisé). Enfin, plus d’un tiers des Franciliens vit dans des communes « mixtes » socialement, où le profil de revenu des ménages est très proche de celui de la région dans son ensemble.
Pour les auteurs, la hausse des prix de l’immobilier est la cause et la conséquence du creusement des inégalités spatiales comme tente à le prouver les graphiques de l’étude (1) qui font le lien entre niveau de revenu des habitants et prix des appartements.
Alors que le gouvernement du Land de Berlin fait une proposition « révolutionnaire », comme l’indique le correspondant du journal le monde à Berlin (2), en s’engageant à geler les loyers d’un million et demi de logements pendant cinq ans à partir de janvier 2020, la France malgré les rapports de plus en plus alarmants n’envisage pas de mesure d’ampleur pour freiner l’explosion du marché de l’immobilier à Paris et dans sa région alors que les loyers pratiqués à Berlin sont trois fois moins chers qu’à Paris.