Les projets à tout casser de Lienemann au Logement
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La secrétaire d'Etat prévoit démolitions et réquisitions : changement de ministre et changement de style avec une nouvelle secrétaire d'Etat au Logement, Marie-Noëlle Lienemann, dont le franc-parler tranche avec la personnalité réservée de son prédécesseur, Louis Besson. Mais surtout changement de politique, car entre-temps les municipales sont passées par là, et la gauche a constaté une désaffection de l'électorat populaire, notamment dans les quartiers d'habitat social. Les défaites de Jack Lang à Blois ou de Catherine Trautmann à Strasbourg sont venues sanctionner des maires qui avaient négligé de prendre à bras-le-corps les problèmes des grands ensembles HLM situés à la périphérie des villes.
Hier, Marie-Noëlle Lienemann a annoncé une série de projets qui seront précisés et arbitrés lors d'un Comité interministériel des villes (CIV), le 25 juin. Ils visent à améliorer le quotidien des habitants des quartiers défavorisés et des familles mal logées: accélération des opérations de démolition-reconstruction pour «casser les ghettos», mesures pour ramener la sécurité et la tranquillité dans les zones urbaines sensibles, résorption de l'habitat insalubre, relance de la construction de HLM de petite taille et bien intégrés dans la trame urbaine, et programme de réquisition de logements vacants...
(...)Concernant les quartiers sensibles, Marie-Noëlle Lienemann estime qu'il y a des «risques de basculement à l'américaine, avec la constitution de ghettos, notamment dans l'habitat social». Une dérive qui serait le contraire d'une «urbanité républicaine», fondée sur l'égalité des droits et donc la mixité sociale.
«La première priorité sera d'accélérer considérablement la démolition de certains immeubles pour remodeler l'habitat, la ville et les quartiers», estime la secrétaire d'Etat. L'an dernier, 6 000 logements HLM ont été détruits, le plus souvent dans des quartiers emblématiques. (...)
Mais Marie-Noëlle Lienemann insiste pour passer à la vitesse supérieure et parvenir à un rythme de démolition de 15 000 logements par an en 2002. Il est clair que cette mesure nécessitera des arbitrages budgétaires puisque Paul-Louis Marty, le délégué général de l'Union des HLM, estime à 200 000 francs (30 500 euros) le coût de destruction de chaque logement. Cette somme comprend les frais engagés pour raser, mais aussi les reliquats d'emprunts souscrits par les organismes de HLM lors de la construction de ces immeubles. L'autre contrainte tient aux capacités de relogement des locataires. C'est pourquoi cette politique de remodelage urbain devra aller de pair avec une accélération de la création de nouveaux HLM, par la construction de petits immeubles neufs mais aussi grâce à des opérations d'acquisition et de réhabilitation d'immeubles anciens en ville qui permettent de faire de la mixité sociale. Un plan de relance de la construction de HLM avait été dévoilé par son prédécesseur, le 7 mars. Toutes mesures qui ne trouveront leur concrétisation dans le quotidien des habitants des quartiers qu'à moyen ou à long terme.
En attendant, la ministre a annoncé hier une enveloppe supplémentaire de 100 millions de francs (15 millions d'euros) pour aider les organismes de HLM à sécuriser les parties communes des immeubles (hall, couloirs) et à renforcer le gardiennage. Le programme de résorption de l'habitat «insalubre et indécent» sera, pour sa part, dévoilé en septembre. Mais on sait d'ores et déjà qu'il s'étalera sur cinq ans. Bien plus, en somme, que la durée de vie du gouvernement Jospin.
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