L'encre
réformant le PTZ en PTZ+ n'est pas encore sèche
(la réforme n'est en vigueur que depuis le 1er
janvier) que les règles du jeu devaient déjà
changer, les 10% des ménages les plus aisés
étant alors exclus du dispositif. L'amendement
sur ce sujet a, heureusement, été rejeté
lors de l'examen du projet de budget 2012 jeudi. Pour
le Scellier, il en va de même, au point qu'entre
les menaces de baisse des taux de réduction,
et les décisions effectives, beaucoup ne savent
plus quelle est la configuration que prendra l'aide
au 1er janvier prochain, avec en outre des équations
différentes selon que les biens sont BBC ou ne
le sont pas.
Tout
cela n'est pas sérieux. Les ménages n'y
entendent plus rien, les professionnels n'ont plus aucune
visibilité commerciale. Les promoteurs en particulier,
dont le cycle de production est long -en moyenne 3 ans
entre l'achat d'un terrain et la livraison d'un logement-,
ne sont plus en mesure de s'engager et de gérer
leur risque, même les plus importants d'entre
eux. En chefs d'entreprise, ils pilotent avec prudence
et affalent la voile quand les écueils se multiplient
à l'horizon et que la boussole s'affole. Au péril
conjoncturel, très fort par les temps qui courent,
s'ajoute l'incertitude règlementaire permanente,
qui tétanise et bloque tout.
Du
coup, l'Etat se rend coupable d'un autre mal : il a
une tactique, pas de stratégie. Où est
la réflexion de fond sur les aides et leur effet
réel ? Faut-il des aides directes à l'acquisition,
au risque de déformer le marché et de
favoriser la hausse des prix, du foncier si l'aide va
au neuf, des logements au profit des vendeurs si l'aide
va à l'ancien ? Ne faut-il pas plutôt s'attaquer
à la racine du mal, la faiblesse de l'offre et
l'insuffisante fluidité des terrains, cause majeure
de la hausse des prix ?
Plusieurs
événements m'inquiètent à
cet égard, témoignant que l'Etat conduit
la France immobilière plus en regardant le tableau
de bord qu'en regardant la route : l'alourdissement
jusqu'à l'insupportable de la taxation des plus-values
de cession, dont la plus grave conséquence sera
justement le gel du foncier à bâtir, mais
aussi la saignée du 1% logement (Action Logement),
acteur essentiel de l'accession comme du locatif au
profit des salariés des entreprises, tellement
choquante que le mouvement vient d'intenter un procès
à l'Etat! On pourrait aussi s'inquiéter
du devenir de la commande publique et de la construction
HLM quand on voit la faillite de Dexia et la difficulté
de se financer des collectivités.
Bref,
il va peser sur les épaules du prochain Président
de la République et de la prochaine Assemblée
Nationale un poids considérable : faire passer
la politique du logement de l'ère de l'agitation
à celle de l'action. Je pense même que
les candidats qui s'engageront à le faire augmenteront
leurs chances d'avoir les suffrages des Français.
A bon entendeur...
Par
Philippe Taboret, Directeur Général
Adjoint de Cafpi
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