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"Retournement", l'éditorial de Bertrand Fabre
Les ventes de logements neufs baissent. Depuis plusieurs trimestres, direz-vous. Oui, mais la baisse constatée au premier trimestre 2008 (dernier connu) est particulièrement forte. Et bien plus forte que prévue par les meilleurs observateurs. Alors chacun commence à y regarder de plus près.

Les premiers signes de retournement du cycle immobilier, au printemps 2007, s'étaient heurtés à une certaine incrédulité, pour ne pas dire indifférence. Et la crise des subprimes concernait un Etat séparé de chez nous par plusieurs milliers de kilomètres d'océan. Avec des pratiques bancaires diamétralement opposées aux nôtres, puisque nos établissements financiers avaient su tirer les leçons de la précédente bulle immobilière, alors que nos concitoyens se gardaient bien d'emprunter à taux variable.
Nous avons, presque inconsciemment, cru gagner du temps (qui est donc en réalité perdu ...) en appliquant cette bonne vieille méthode Coué: il fallait encore attendre les chiffres du trimestre suivant pour être bien sûr que la pente baissière était installée. Après tout, le ministère du Logement lui-même ne faisait-il pas état de la nécessité de revérifier certains comptages? Et la ministre de l'Economie n'avait-elle pas créé l'événement en proclamant récemment que, vérification faite, la croissance du PIB avait été plus forte qu'elle ne l'avait d'abord annoncée?

Aujourd'hui, le recul des ventes va de pair avec celui des réservations, qui provoque un recul des mises en chantier. Cela permet, au moins pour l'instant, de contenir le gonflement des stocks de logements (les stocks physiques représentent encore moins de 3% de l'offre commerciale totale).
Nous avons donc des raisons d'être vigilants, aucune d'être alarmistes.
Il ne faut pas être superstitieux, parce que cela porte malheur. En matière immobilière, il ne faut pas parler de crise, car cela provoque la crise.
Bertrand Fabre est directeur de la rédaction du Moniteur

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