Une
fois de plus, limmobilier et le logement se sont
retrouvés pris en otages au milieu des perturbations
politico-médiatiques alors quils appellent
bien au contraire à la sérénité,
y compris fiscale, et au long terme.
Ce
jeu de « stop and go » sans cesse na
dautre effet que de casser la dynamique fragile
du logement. Le logement à Paris et en Ile-de-France
mérite une réelle et ambitieuse politique
publique. Il mérite un meilleur traitement que
des « mesurettes » fiscales à court
terme. On constate encore une fois que le logement nest
vu que sous langle strictement fiscal, changeant
au gré des circonstances et de la conjoncture
économique. Le logement, cest du long terme.
On ne peut pas sans cesse changer les règles
du jeu fiscal sans porter atteinte à la viabilité
du secteur. Ce nest pas ainsi que lon répondra
aux besoins de nos concitoyens qui éprouvent
des difficultés à se loger, particulièrement
en Ile-de-France, bien au contraire ! On ne peut pas
dun côté déplorer la hausse
des prix de limmobilier, due non pas à
la cupidité des uns ou des autres, mais bien
à la pénurie de logements qui caractérise
notre région, et de lautre augmenter les
taxes (nationales et locales) sur le logement, donc
contribuer à laugmentation des prix. Il
y a là une fâcheuse incohérence.
Sur le terrain, la réaction du marché
ne sest pas fait attendre dès le 24 août
: les vendeurs qui retrouvaient timidement le chemin
des agences ont reporté sine die leurs projets
de vente. Combien de transactions annulées en
lespace de quelques jours ? Combien de projets
immobiliers franciliens ont été purement
et simplement reportés « le temps dy
voir plus clair » ? Les investisseurs privés
qui contribuent majoritairement au logement en Ile-de-France
ont abandonné leurs projets dinvestissements
locatifs au risque dun nouveau gel du marché
de limmobilier dont lEtat portera la responsabilité
et donc labsence totale des recettes fiscales
attendues. Noublions pas les dégâts
collatéraux de telles hésitations sur
lemploi et lactivité dans le bâtiment
à un moment où la hausse du chômage
repart de plus belle.
Il
faut protéger limmobilier et le logement.
Etre propriétaire de sa résidence principale,
secondaire ou dun bien immobilier destiné
à la location nest pas lapanage des
classes les plus riches. Ce nest pas seulement
un problème de riche ! Ce sont des millions de
foyers qui sont concernés, issus des classes
moyennes le plus souvent, qui voient là la récompense
defforts, de toute une vie de travail. Il serait
caricatural de ny voir quun sujet pour gestionnaire
de grandes fortunes ou de rentiers. Non, la réalité
est quen faisant planer des incertitudes sur limmobilier,
au gré du vent ou dannonces médiatisées,
on sape littéralement le facteur humain le plus
déterminant : la confiance. Sans confiance, pas
de croissance. Limmobilier et le logement ne sont
pas des variables dajustement conjoncturelles.
Ils devraient bien au contraire faire lobjet dune
véritable politique publique, cohérente,
sur le long terme, consensuelle au regard des enjeux
et des difficultés des franciliens et des français
en matière de logement. Le Grand Paris prévoit
70 000 logements par an pour faire face à la
pénurie. Cest une chance que cette volonté
politique se soit affirmée au plus haut niveau
de lEtat. Dès lors, il faut être
cohérent et donner aux professionnels les moyens
de remplir ces objectifs. Pour cela, une seule condition
: de la volonté politique à tous les niveaux
de décision politique, du Maire au Ministre.
Un pays qui fait preuve, inconsciemment, dautant
de défiance à légard de la
propriété est un pays qui va mal, un pays
qui doute de son avenir. A laube dune échéance
politique majeure pour le pays, on aimerait que nos
décideurs politiques aient une vision de lavenir
qui dépasse les échéances comptables,
voire électorales. Le combat pour le logement
en Ile-de-France ne doit pas être sacrifié
sur lautel de la démagogie.
Par
Gilles Ricour de Bourgies
Président de la Chambre
FNAIM Paris Ile-de-France
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