Entretien
avec Nicolas Jacquet, Président Exécutif
d'Urbania-Adyal
Universimmo.com
- Près de six mois après la reprise
du groupe Urbania et d'Adyal par IPE, la prise en mains
des cabinets se déroule-t-elle comme espéré
: situation financière des sociétés,
adhésion des équipes, état du fonctionnement
opérationnel, retour de la confiance de la clientèle
?
Nicolas
Jacquet - Ulysse Investissements a repris les réseaux
Urbania et Adyal, le 30 septembre 2010, le jour de l'homologation
par le Tribunal de Commerce de Nanterre du protocole
de conciliation. La première conséquence
de cette homologation a été l'abandon
des créances bancaires. La situation financière
du groupe est ainsi maintenant assainie et nous avons
0 euro de dettes. Sur le plan commercial, nous avons
mis en place au service de nos clients une organisation
qui repose sur les principes de proximité et
de modernité. J'ai nommé trente dirigeants
opérationnels sur le principe " Une ville
ou un groupe de villes, un cabinet, un dirigeant ".
J'ai entrepris le tour de France de nos agences pour
rencontrer nos collaborateurs et nos clients (j'ai dialogué
personnellement avec les Présidents de Conseils
Syndicaux représentant 150.000 lots de copropriétés
soit plus du tiers de notre portefeuille). Je peux vous
assurer qu'ils nous renouvellent leur confiance et que
nos équipes sont rassurées et mobilisées
autour de notre projet d'entreprise.
UI.com
- Pouvez-vous aujourd'hui chiffrer les pertes de mandats
intervenues en raison de la crise traversée par
le groupe avant sa reprise ?
NJ
- La perte de mandats, de l'ordre de 3% nets - nous
en avons aussi gagnés - ne peut être attribuée
à la seule crise traversée par le groupe
en 2010, il y a aussi une érosion naturelle que
la crise a pu parfois accélérer. La plupart
de nos clients a d'abord apprécié la qualité
du travail au quotidien avec nos équipes locales
pour confirmer leur fidélité. Notre chiffre
d'affaires 2010 devrait être d'ailleurs sensiblement
du même ordre que le chiffre d'affaires de l'année
précédente, la transaction enregistrant
notamment une performance de + de 30 %.
UI.com
- Le périmètre du groupe a-t-il vocation
à être maintenu, avec de l'administration
de biens classique et Adyal en immobilier d'entreprise
? Y a-t-il des synergies suffisantes entre les deux
? IPE n'aurait pas plutôt vocation, par culture,
à privilégier ce second pôle, dont
le potentiel de croissance interne est certainement
supérieur à celui des métiers plus
traditionnels ?
NJ
- Nous avons totalement l'ambition de maintenir
voire d'étendre le périmètre du
groupe autour de nos deux marques ADYAL pour l'immobilier
d'entreprises et URBANIA pour le résidentiel.
Nous
voulons pour ces deux pôles gagner en qualité
de services pour nos clients et en devenant l'acteur
de référence sur un modèle original
alliant proximité et modernité.
UI.com
- Pensez-vous que le groupe aura dans les années
qui viennent une rentabilité suffisante pour
permettre à IPE de rembourser les obligations
convertibles remises aux banques créancières
et éviter la dilution de capital qu'entraînerait
leur conversion en actions ?
NJ
- Nous ne sommes pas dans un tel schéma,
les banques ont reçu des obligations convertibles
d'une durée de quinze ans en contrepartie de
leurs créances. La conversion n'est envisagée
qu'à l'occasion d'une sortie, ce qui ne pose
pas de problématique de remboursements par l'entreprise.
Enfin, la durée de quinze ans est suffisamment
longue pour être compatible avec les capacités
de remboursement de long terme de l'entreprise.
UI.com
- Y a-t-il parmi les 121 sociétés
non reprises et placées sous administration provisoire
des actifs qui pourraient être repris ? Y a-t-il
d'autres sociétés que SAGIM ayant une
activité commerciale et des clientèles
? Pourquoi SAGIM, qui gère la 2ème plus
grande copropriété de France, dont le
syndicat principal vient d'être lui-même
mis sous administration provisoire, n'a pas fait partie
du périmètre des sociétés
reprises dans le cadre du protocole d'accord initial
avec les créanciers ?
NJ
- Le protocole de conciliation homologué
par le Tribunal de Commerce de Nanterre est l'aboutissement
d'une démarche visant à la reprise des
105 sociétés du réseau Urbania,
qui sont des sociétés opérationnelles.
Pour ce qui est des 121 sociétés qui ne
font pas partie du périmètre, elles n'ont
jamais eu vocation à être reprises, ni
maintenant, ni plus tard ; je précise que la
Sagim et sa filiale Grigny Immobilier n'étaient
pas intégrées au réseau Urbania,
ses dirigeants n'étaient pas des salariés
d'Urbania et leur garant n'étaient pas le nôtre.
Les autres sociétés sont pour partie des
coquilles vides, holdings financières, sans aucune
utilité pour la nouvelle organisation, pour partie
des sociétés de moyens qui avaient été
filialisées et dont les personnels ont été
transférés vers une structure unique créée
par le nouvel actionnaire en support des cabinets.
UI.com
- Une information divulguée par l'association
ARC le 15 février dans un communiqué de
presse fait état d'une candidature à la
reprise de SAGIM de la part d'un directeur de plusieurs
agences Urbania : le groupe est officiellement candidat
à cette reprise ?
NJ
- Il n'y a pas de projet de reprise de la Sagim
par le groupe Urbania et il n'y en aura pas. Selon mes
informations, la candidature dont vous faites état
est extérieure à Urbania.
UI.com
- La presque totalité des cabinets Urbania
était avant la reprise garantie par le Groupement
Français de Caution (GFC), qui semble n'avoir
eu que très peu de clients tiers ; est-ce toujours
le cas ? Est-il exact que le GFC était intimement
lié au groupe Urbania sous l'ancienne direction
? Cette proximité supposée et l'opacité
qui l'a entourée semble avoir motivé une
disposition de l'avant-projet de loi d'encadrement des
métiers de l'entremise et de la gestion immobilière
actuellement en cours de rédaction, interdisant
tout lien capitalistique entre les garants et les garantis...
NJ
- Le GFC est une société d'assurance
mutuelle créée en 1985 qui, par sa forme
juridique, ne peut appartenir à un "actionnaire"
quel qu'il soit et par conséquent aucun lien
capitalistique, ni dépendance quelconque ne peut
exister entre une société d'assurance
mutuelle et ses sociétaires et notamment l'ancienne
direction.
Le
GFC, qui est en outre réassuré auprès
des plus importantes sociétés de réassurance,
intervient sur différents domaines comme les
garanties dans le cadre de vefa, les garanties liées
à la promotion immobilière. En ce qui
concerne les garanties délivrées dans
le cadre de la loi Hoguet, le volume d'affaires des
cabinets Urbania garantis par le GFC est d'environ 40%
du chiffre d'affaires du GFC , comme cela nous a été
indiqué par eux.
UI.com
- L' " affaire Urbania " a traumatisé
le monde de l'immobilier et semble avoir précipité
la préparation d'un projet de loi coercitif.
Quel serait selon vous le meilleur enseignement à
en tirer par la profession et les pouvoirs publics pour
qu'une telle mésaventure ne se reproduise plus
?
NJ
- Beaucoup de monde, les médias en particulier,
ont exprimé l'inquiétude que les fonds
mandants -les fonds des copropriétaires- aient
été menacés dans le cadre de ce
que vous appelez l'affaire Urbania. Or, nos copropriétaires
n'ont jamais risqué à quelque moment que
ce soit de perdre un seul euro car ces fonds sont préservés
de par la loi. Ils sont intouchables. Urbania, fin 2009,
n'a pas été en mesure de rembourser ses
dettes bancaires, sans pour autant que l'argent des
copropriétés n'ait été concerné.
Il me semble que les pouvoirs publics, en préparant
un projet de loi, devraient apporter toute leur attention
à la question de la modernisation de l'exercice
de nos métiers, notamment en permettant un usage
plus large des technologies de l'information et de la
communication. Il est par exemple dépassé
de continuer à adresser sous pli recommandé
les convocations en assemblée générale
et les nombreux feuillets qui les accompagnent. Internet
sera demain, j'en suis convaincu, le nouvel acteur majeur
du monde de l'immobilier.
Propos
recueillis auprès de Nicolas Jacquet,
Président Exécutif d'Urbania-Adyal
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