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Logement étudiant: : des annonces en trompe-l'oeil ?
15/2/2008
L'annonce était tonitruante et reprise telle quelle dans les médias : Valérie Pécresse et Christine Boutin, respectivement ministre de l'enseignement supérieur et de la recherche et ministre du logement et de la ville, ont annoncé le 15 février que 620 millions d’euros seraient consacrés sur quatre ans au logement étudiant. Cette annonce avait lieu à l'occasion de la présentation du deuxième rapport "Anciaux", du nom du parlementaire en mission auprès de ces deux ministres, le député Jean-Paul Anciaux (UMP), auteur d'un plan pour le logement étudiant en 2004 et mis en oeuvre laborieusement par le gouvernement à partir de 2005.
Il s’agit en fait de la duplication sur quatre ans des 155 millions d’euros consacrés au logement étudiant dans le budget 2008, justement dans le cadre des objectifs de ce premier plan "Anciaux"... Le gouvernement s’est ainsi engagé à tenir les objectifs de 5.000 constructions et 7.000 réhabilitations de logements étudiants par an d’ici 2012. Ces objectifs avaient déjà été fixés dans le premier rapport du député, mais leur réalisation a pris beaucoup de retard : en effet, entre 2004 et 2007, seuls 6.300 logements ont été construits, loin des 20.000 prévus à raison de 5.000 par an, et 17.500 logements ont été réhabilités, alors que le rapport en annonçait 70.000 par an, soit 280.000 en tout. Le rapport Anciaux 2008 estime que 140 millions d’euros sont nécessaires pour réhabiliter 7.000 chambre chaque année, et 200 millions pour construire les 5.000 nouveaux logements prévus.
Ces annonces visent bien entendu à calmer la grogne des étudiants, dont les difficultés de logement vont croissant : L'organisation étudiante UNEF affirme que c'est le "premier obstacle dans l'accès aux études". L'UNEF réclame un milliard d'euros rien que pour les "cités U"...
Une enquête de l'Observatoire de la vie étudiante (OVE) réalisée en 2006 montrait déjà qu'un tiers des étudiants peinent à trouver un logement, alors que 42% d'entre eux vivent dans un logement familial 13% en résidence collective (Cité U, foyer), 31% seuls ou en couple et 6% en colocation. Les étudiants doivent payer 388 euros de loyer en moyenne, prix qui atteint 523 euros à Paris.
Prenant au vol une campagne médiatique quelque peu hasardeuse sur l'allégation du développement d'une pratique de prostitution de la part des étudiantes, qui utiliseraient ce moyen pour trouver un toit ou payer leur loyer, Christine Boutin, la ministre du logement a très officiellement saisi la HALDE (Haute autorité pour la lutte contre les discriminations et pour l'égalité) pour mettre en place une opération contre les propriétaires indélicats : "des jeunes femmes se trouvent contraintes de se prostituer pour accéder à un logement et en payer tout ou partie, comme l’ont montré certains ouvrages (La prostitution étudiante à l’heure des nouvelles technologies d’Eva CLOUET) ou articles récents (article de Libération du 6 février 2008 d’Elhame MEDJAHED et Ondine MILLOT)", relaye-t-elle dans un communiqué du ministère, dénonçant "cette exploitation des femmes par des propriétaires indélicats est scandaleuse et inacceptable" ! Elle demande à la HALDE "d’engager dans les meilleurs délais une action significative sur le modèle des opérations qui ont permis de mettre à jour certaines formes de discrimination"...