Dans un article paru le 15 février (1), la revue Que choisir estime que le dispositif lancé par les partenaires sociaux et le gouvernement pour faciliter l'accès au logement aidera au moins autant les promoteurs constructeurs que les locataires défavorisés. Elle reproche à cette formule de pousser les locataires à accepter des taux d'effort excessifs et donc de prendre des risques d'insolvabilité ; "il est d'usage de considérer qu'il [le taux d'effort (NDLR)] ne doit pas dépasser 30%. Une personne gagnant 1 500 euros par mois ne peut pas assumer sans risque un loyer supérieur à 500 euros", estime l'auteur.
L'UFC (Union fédérale des consommateurs) semble ainsi emboîter le pas de la très conservatrice UNPI (Union nationale de la propriété immobilière), opposée au dispositif parce que selon elle il ne responsabilise pas suffisamment les locataires (en réalité l'UNPI souhaiterait que ces derniers supportent une partie au moins de la prime d'assurance...), pour prédire que la GRL nouvelle version restera un échec comme la première "parce qu'elle souffre d'un défaut de naissance : à 50 % de taux d'effort, la difficulté à payer le loyer n'est plus un risque, mais une certitude", assure Que Choisir, péremptoire. "Le seuil de 40 % semble déjà très dangereux" ajoute l'auteur.
Que Choisir estime aussi que les propriétaires n'auront aucun besoin de la GRL dans les secteurs où le logement manque, comme dans les grandes villes, car ils auront toujours l'embarras du choix pour louer leur bien. Cet argument, avancé aussi par l'UNPI, ignore le fait que les impayés surviennent aussi avec des dossiers "béton", simplement parce qu'une grand partie d'entre eux est liée à des accidents de la vie (perte d'emploi, maladie, séparation, etc.) qui déstabilisent même les ménages aisés...
Plus surprenant est l'argument selon lequel même dans les zones où il existe un excès d'offre et où les propriétaires ne sont pas en mesure de se montrer exigeants, la GRL risque de faire un "flop" parce que les propriétaires lui préfèreront une caution personnelle... Première contradiction, la GRL permet justement, en situation de pénurie de locataires, de retenir en toute sécurité ceux qui ne peuvent produire une caution, et qui sont aujourd'hui rejetés du logement locatif privé. mais il y a pire : l'auteur prétend que "GRL ou pas, un mauvais payeur est tôt ou tard synonyme de frais d'huissier et de procédures d'expulsion, frais qui peuvent rapidement représenter 4 ou 5 mois de loyer" ; or l'intérêt justement d'une garantie de loyers et de la GRL en particulier est de prendre ces frais en charge de manière illimitée !
Et d'accuser Action Logement (le "1% logement"), qualifié d'organisme patronal alors qu'il est paritaire, et que la GRL a été surtout portée par les dirigeants syndicalistes du mouvement, de vouloir faire surtout l'affaire des promoteurs qui travaillent dans la défiscalisation, et de la FFB (Fédération française du bâtiment), permettant aux uns et autres de construire et de vendre des perspectives de loyers élevés, quitte à remplir ensuite les résidences de locataires ayant un taux d'effort déraisonnable...
Analyse quelque peu réductrice de la part d'une organisation de consommateurs, qui oublie un peu vite les millions de candidats locataires qui n'ont accès ni au logement social, saturé, ni au logement privé, non pas en raison d'un taux d'effort excessif mais simplement de la précarité de leur situation professionnelle : intérimaires, intermittents, salariés en CDD, etc.
(1) Que Choisir, 15 février 2010 : "Loyers impayés : à qui profite la garantie des risques locatifs ?"
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