Désengagement des activités immobilières classiques, investissement dans le secteur du logement social : telles sont les orientations dessinées dans le domaine immobilier le 25 février par le président du directoire de la BPCE (résultat de la fusion des Banques Populaires et des Caisses d'Epargne), François Pérol, qui présentait le 25 février 2010 son projet stratégique 2010-2013. Un projet marqué par l'abandon du modèle de la "Banque/Immobilier" voulu par le précédent patron des Caisses d'Epargne, Charles Milhaud.
Le nouveau groupe est à la fois le premier financeur privé du logement social, activité qui joue un rôle croissant dans le pôle de développement régional du groupe, et un gros opérateur via GCE Habitat qui gère 150.000 logements, a-t-il notamment expliqué. La première, qui a donné lieu à 1,5 milliards de financements réalisés en 2009, va être développée ; pour la seconde, il a indiqué que le groupe allait continuer d'investir "en tant qu'opérateur du logement social là où sont les besoins, en zone tendue", et qu'il a l'intention d' "essayer d'agréger d'autres opérateurs", confirmant ainsi que le pôle logement social de la BPCE participerait au mouvement de regroupement des organismes encouragé par le gouvernement.
Dans la restructuration du groupe résultant de la fusion des Banques Populaires et des Caisses d'Epargne, GCE Habitat ne sera pas apporté à BPCE mais sera propriété de 17 Caisses d'Epargne, tandis que les SEM deviendront "régionales"...
Quant aux autres pièces du puzzle immobilier - l'administrateur de biens Foncia, le courtier en prêts Meilleurtaux.com, le groupe Nexity et le Crédit foncier, la foncière Eurosic ou la participation au sein du constructeur Maison France confort -, le président se garde bien entendu d'annoncer qu'elles seront bradées, mais elles ne sont plus au centre de la stratégie : "les participations dans l'immobilier seront gérées comme des participations financières (...) avec l'objectif de les valoriser", a-t-il indiqué, ce qui permet de penser qu'elles pourront être cédées suivant les opportunités ; il a même précisé que le groupe "continuera à développer ses partenariats privilégiés" avec Foncia et Nexity mais "ces partenariats n'impliquent pas le contrôle capitalistique de ces acteurs industriels", ajoutant que "ça ne veut pas dire que demain nous mettons en vente Foncia mais il n'est pas représentatif des métiers stratégiques"...
La BPCE a pris acte dans ses comptes au premier semestre 2009 de la dépréciation de la valeur de ces actifs, rachetés en haut de cycle ; racheté le 15 janvier 2007 par les Banques populaires pour 1,3 milliard d'euros avec une promesse de résultats annuels de 50 millions, le n°1 des administrateurs de biens français, Foncia, ne vaudrait plus selon Le Monde que 500 millions, avec un résultat de 14 millions. La crise immobilière n'explique pas cet effondrement, car l'administration de biens est une activité sans à-coups et l'activité de transactions ne représente qu'à peine 15% du chiffre d'affaires... Les Banques populaires y ont découvert un climat social détestable et ne s'en sont pas cachés. Le Monde croit savoir (1) que son ancien propriétaire, Jacky Lorenzetti, qui a perçu 800 millions dans l'affaire s'est proposé, fin janvier, pour racheter l'entreprise, mais a, selon un proche du dossier, été éconduit sèchement...
Les banques semblent moins empressées à investir dans la gestion immobilière qu'il y a deux ans : le Crédit agricole, via Square habitat, ne serait pas sur les rangs, le Crédit immobilier de France vient d'acheter pôle administration de biens d'Icade et BNP Paribas s'apprêterait selon Le Monde à céder sa filiale immobilière Gérer à l'administrateur de biens Féau-Dauchez. Citya se serait déclarée intéressée mais n'a pas l'envergure pour acquérir une entreprise au chiffre d'affaires quatre fois plus important que le sien, sauf accord sur un retrait progressif des Banques populaires...
(1) Le monde, 22 février 2009
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