Une sélection d'actualité sur l'immobilier
chaque semaine ; en quelques clics, tout ce qui vaut le détour
Recherche :
Page 1 sur 1
1
Construction de maisons individuelles : faut-il ou non rendre l'architecte obligatoire ?
21/5/2010
Philippe Klein, président de UNSFA (Union nationale des syndicats français d'architectes) a réagi vigoureusement à la diffusion d'une pétition intitulée "sauvons les constructeurs", lancée par la Fédération française des constructeurs de maisons individuelles "contre le risque d'une intervention obligatoire des architectes dans la construction des maisons individuelles".
Cette pétition réagissait elle-même à un rapport de l'Office Parlementaire d'évaluation des choix scientifiques et technologiques, sur les performances énergétiques des bâtiments et préconisant le recours systématique pour toute construction à un architecte "comme une garantie de bonne fin, notamment lorsqu'il s'agit de respecter une norme thermique exigeante", et suggérant que l'intervention d'un professionnel de confiance comme l'architecte permet de générer de multiples économies en étudiant mieux les devis, en prévenant les malfaçons, et en apportant un concours technique à son client en cas de difficulté avec un constructeur.
La Fédération française des constructeurs de maisons individuelles s'est opposée vivement à ces conclusions, estimant que les architectes ne peuvent répondre au marché de la maison individuelle car ils seraient "trop chers et trop peu nombreux", et avançant que les cabinets d'architectes compétents et structurés n'ont jamais montré d'intérêt pour la maison individuelle.
L'UNSFA estime cette accusation calomnieuse et rappelle que le seuil des 170 m2 en dessous desquels l'architecte n'est pas obligatoire n'est qu'une dérogation à la règle qui impose un architecte pour tout acte de construction, et que, lorsqu'il a été instauré par la Loi sur l'architecture de 1977 au profit des particuliers, il devait être provisoire et s'accompagner du conseil des "conseils d'architecture, d'urbanisme et d'environnement" (CAUE) ; il n'est donc pas surprenant qu'au bout de 30 ans, compte tenu de la technicité des constructions et de leur impact environnemental, le législateur s'interroge sur la pertinence de maintenir cette dérogation.
Malgré cela, les instances représentatives de la profession, syndicats représentatifs et Conseil de l'Ordre, n'ont jamais fait de lobbying sur l'abaissement des seuils. D'où leur colère...
Ils estiment qu'annoncer que le recours à l'architecte est facteur d'un surcoût de 12 à 15% sur le prix de la construction est mensonger. Il est facile selon eux de démontrer qu'à qualité égale le recours à l'architecte est presque toujours facteur d'économies. Ils protestent également contre l'idée exprimée dans la pétition selon laquelle les architectes ne sauraient pas négocier, alors que selon eux faire appel à un architecte c'est avoir l'assurance d'une mise en concurrence entre entreprises dont le maître d'ouvrage reste l'arbitre. Ils rappellent qu'ils sont indépendants et qu'ils n'ont aucun lien contractuel ou financier avec les entreprises, ce qui n'est pas forcément le cas des constructeurs.
L'UNSFA regrette que des pans entiers de la construction et de l'aménagement du territoire se réalisent sans le recours à l'architecte, à commencer par la maison individuelle dont moins de 10 % sont construites par des architectes. Cette situation a eu selon eux une incidence négative sur l'aménagement du territoire, a favorisé un mitage du paysage français dont les architectes sont parfois tenus responsables alors même qu'ils ont été largement écartés des processus qui y ont conduit...
Ils appellent à ne pas renouveler la même erreur alors que les enjeux du Grenelle conduisent inévitablement à concevoir des réponses contextuelles et fines en matière d'intégration dans le site, d'orientation, d'isolation et de réponses techniques, ce pourquoi ils considèrent que les architectes sont des intervenants formés et qualifiés.