Une dépêche de l'AFP du 23 juillet indique que la société d'investissement IPE (Investors in Private Equity - société de dix personnes créée en 2002 par Philippe Nguyen, ancien de la Caisse des Dépôts, et François Nicoly, qui gère des fonds ayant vocation à reprendre des entreprises industrielles et de services) serait "dans la phase finale" de la reprise du groupe d'administration de biens Urbania, en grandes difficultés financières. L'AFP cite le président d'IPE, Philippe Nguyen. Pour la première fois, celui-ci révèle que Bernard Tapie est, pour un montant qu'il n'a pas voulu divulguer, parmi les investisseurs ayant confié des fonds à IPE. La somme de 30 millions avait été mentionnée il y a quelques semaines...
Toujours selon l'AFP, IPE "devrait pouvoir signer au milieu de la semaine prochaine un accord de conciliation" avec les créanciers de ce réseau de 107 agences gérant 400.000 lots de copropriété, 80.000 lots en gestion locative et 17 millions de m2 de bureaux, commerces et locaux d'activité, pour 145 millions de chiffre d'affaires, aurait indiqué M. Nguyen. Selon cet accord, "la dette de 500 millions d'euros d'Urbania, dont 200 millions à la seule charge de la Société Générale, serait convertible, à 50%, en obligations sur une période de 15 ans". L'AFP indique aussi que cet accord, suivi depuis trois mois par le Comité interministériel de restructuration industrielle (CIRI), doit encore recevoir l'homologation du tribunal de commerce de Paris, selon M. Nguyen. Effectivement, selon nos informations, il semble que tout ou partie du groupe Urbania soit non pas en redressement judiciaire mais sous "mandataire ad hoc", procédure plus confidentielle.
L'AFP ajoute aussi, non sans susciter quelque trouble, qu'IPE n'aurait l'intention de ne reprendre "que les fonds de commerce des 107 agences mais pas les différents holdings d'Urbania dont le président, Michel Moubayed, n'a jamais voulu révéler la composition du capital". Ce n'est pas nouveau. Mais c'est justement toute la difficulté de la reprise de ce groupe : les fonds de commerce gérés par les filiales Urbania sont dans de grandes proportions en location gérance ; par ailleurs, la reprise de fonds de commerce suppose que chacun des clients de gestion locative et chaque copropriété signent ou votent un nouveau mandat au profit de la structure de reprise ! A l'échelle d'un petit cabinet, c'est déjà une opération complexe ; à celle d'un groupe de cette taille, c'est presque mission impossible que de récupérer les mandats dans un délai raisonnable et sans forte déperdition !
Par ailleurs, de nombreuses incohérences entachent les informations communiquées. Par rapport au chiffre d'affaires cité, la valeur de ces fonds de commerce ne peut dépasser 100 à 150 millions, tout au plus. Même si aucun centime n'est versé par les repreneurs aux holdings de M. Moubayed, et que la totalité de cette valeur est versée aux créanciers, on est loin des 500 millions cités ! Les banques vont-elles se contenter pour le reste d'obligations tirées par une structure qui n'a aucune chance de pouvoir les rembourser sur la seule rentabilité des fonds de commerce rachetés ? Et si ces obligations doivent être converties en actions, les repreneurs accepteraient-ils de voir leur capital potentiellement ainsi dilué ?
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