Deux décrets et un arrêté du 22 octobre 2010 révisent le zonage sismique et créent de nouvelles exigences au niveau des règles de construction en vue de renforcer la prévention du risque sismique en France. Elles mettent en application - comme toujours en France avec retard - les "Eurocodes" normes instaurées par la Commission européenne, ayant pour objectif d'harmoniser les règles techniques de conception et de calcul du bâti au sein de l‘Union européenne. Depuis le 1er mars 2010, les Eurocodes sont devenus le référentiel national pour la conception des ouvrages. L'Eurocode 8 traite du calcul des structures pour leur résistance aux séismes, et sera donc à appliquer pour tous les ouvrages neufs.
la précédente carte des aléas sismiques datait de 2005. Désormais, le territoire national est divisé en 5 zones dénommées respectivement : "zone de séismicité très faible", "faible", "modérée", "moyenne", et "forte".
Sans surprise, dans les DOM, les Antilles sont entièrement classées à sismicité "forte". En métropole pas de zones de sismicité "forte", mais sismicité "moyenne"dans certains secteurs des Alpes, des Pyrénées et du sud de l'Alsace ; le reste de l'Alsace, le Jura, le reste des Alpes, un bout de l'Auvergne et le nord des Pyrénées sont classés en sismicité "modérée.
De nouvelles zones de sismicité "modérée" apparaissent, telles que la Vendée, les Deux Sèvres, la région de Lyon, Nantes, Marseille, Lille, et Valencienne.
L'approche de la sécurité de l'ancien zonage était basé sur une conception déterministe de la sécurité, qui consiste à se baser sur les séismes majeurs historiques connus (par exemple, en région PACA, c'est le séisme de Lambescq qui a conduit au zonage de cette région). L'Eurocode, quant à lui, est basé sur une conception probabiliste de la sécurité qui intègre en plus la fréquence d'occurrence des seimes (est-ce une fois en 2000 ans ou tous les 300 ans ?, par exemple).
Les spectres ont également été modifiés, et les mauvais sols sont pénalisés par une majoration de l'accélération qui peut atteindre jusqu'à 80%. A contrario les bons sols subissent des accélérations plus faibles : cela résulte des retours d'expérience de nombreux séismes de ces 20 derniers années (Mexico, San Francisco, Los Angeles, Annecy...)
La nouvelle règlementation comporte aussi des exigences pour les travaux sur le bâti existant : ceux-ci ne doivent pas aggraver la vulnérabilité au séisme, a fortiori pour les travaux consistant à augmenter ou diminuer de plus de 30% la SHON initiale d'un plancher. Dans le cas de travaux sur éléments non structuraux du bâti ancien, des exigences sont prévues pour certains types de bâtiments dans les zones à sismicité modérée ou plus.
Les sénateurs Jean-Claude Etienne (UMP, Marne) et Roland Courteau (PS, Aude) ont organisé le 7 juillet 2010 une audition publique au Sénat ouverte à la presse sur le degré de préparation de la France face à un tremblement de terre, associé le cas échéant à un tsunami. Il en ressort qu'en France, le risque sismique est non négligeable en métropole en raison de la concentration de la population dans certaines zones sismiques. Ainsi, le séisme provençal de 1909 ferait aujourd'hui des centaines de victimes et des dommages économiques évalués à 700 millions d'euros.
Quant aux Antilles, le risque sismique y est important car s'y combinent une vulnérabilité des constructions élevée et un fort aléa. Un séisme similaire à celui qui a touché Fort de France en 1839 ferait plus de 30 000 victimes !
Tous les intervenants ont convenu que la France n'était pas préparée à un tremblement de terre. Malgré le programme interministériel de prévention du risque sismique lancé en 2005 et relayé dans les départements les plus concernés, les populations restent relativement indifférentes à ce risque tandis que la plupart des constructions restent vulnérables à cet aléa en raison du non respect des normes parasismiques et de l'impossibilité matérielle de l'Etat d'assurer un contrôle efficace de leur respect. Aux Antilles, un gros travail de diagnostic a été entrepris, mais la mise aux normes des bâtiments est lente et coûteuse. Ainsi, en ce qui concerne les écoles primaires publiques, 12 sont en train d'être renforcées ou reconstruites sur un total de 500 à traiter.
Grâce aux exercices pratiques réalisés chaque année et aux retours d'expérience à travers les missions d'aide aux pays sinistrés par un séisme, la sécurité civile est, selon les intervenants, relativement bien préparée à la gestion d'un tremblement de terre, même si certaines faiblesses persistent. Ainsi, la France manque de vecteurs de projection (avions, véhicules terrestres) pour acheminer les secours sur les lieux du sinistre. Par ailleurs, la gestion d'une crise peut être compliquée en cas d'intervention de plusieurs ministères dont les priorités peuvent s'avérer contradictoires ou dont les politiques de communication ne sont pas harmonisées.
L'examen des politiques de prévention et de gestion de crise a également montré la nécessité d'en améliorer la gouvernance, notamment à travers une coopération accrue d'une part avec les collectivités territoriales qui sont amenées à financer beaucoup d'actions sans que leur rôle soit reconnu à leur juste valeur et, d'autre part, avec les grandes associations habituées à intervenir auprès de la population dans des situations d'urgence et faisant preuve d'un grand professionnalisme.
Enfin, l'adoption de bons réflexes en cas de séisme et plus généralement de catastrophe naturelle permet d'un avis général de sauver des vies et de limiter les dégâts matériels. Le renforcement de l'auto-protection du citoyen en développant l'éducation et la formation de ce dernier à tous les âges de la vie est considéré comme indispensable...
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