La publication trimestrielle conjointe par les notaires franciliens et l'INSEE des indices et des prix de l'immobilier en Ile-de-France confirme la tendance des chiffres précédents : les prix ont continué à grimper au printemps - les chiffres publiés sont ceux des signatures de ventes en acte authentique au 3ème trimestre 2010, et donc des ventes conclues en promesse sur une période couvrant approximativement le 2ème trimestre - dans des niveaux de volumes de transactions proches du niveau moyen observé dans la période 1999-2007, donc avant la crise : en chiffres bruts, les appartements ont pris encore +5,1% sur un trimestre à Paris (+13,8% sur un an), +4% en petite couronne (+11,5% sur un an) et +3,1% en Grande couronne (+8,9% sur un an) ! Les maisons ont été plus raisonnables, ne prenant "que" +2,5% en Petite couronne (+9,4% quand même sur un an) et +3,8% en Grande couronne (+7% sur un an). Rappelons que le marché des maisons à Paris même est trop petit et divers pour donner lieu à indices significatifs.
Dans Paris, le prix moyen au m2 a dépassé 7.000 euros, et dépasse 5.000 euros dans tous les quartiers. Cela met le trois pièces moyen parisien à près d'un demi million d'euros, et à près de 800.000 euros dans le 6ème... t il ne s'agit encore que de moyennes !
A Paris, le nombre de ventes dans l'ancien reste encore inférieur de 9% à la moyenne de la période 1999-2007 (époque où se concluaient entre 800 et 850.000 ventes par an sur toute la France alors qu'il est estimé qu'il s'en est conclu 714.000 de la mi-2009 à la mi-2010), mais que de 5% en Petite couronne et de 1% seulement en Grande couronne.
Dans son discours d'ouverture de la conférence de presse de présentation de ces chiffres, Christian Lefebvre, président de la Chambre des notaires de Paris a pointé le paradoxe que représente le dynamisme du marché immobilier francilien "dans une économie et une société qui se caractérise aujourd'hui par les soubresauts de la crise financière traversée il y a deux ans". Rappelant qu'il y a deux ans les pronostics étaient sombres et que chacun prédisait la reproduction d'une crise immobilière d'après l'euphorie des années 86-90, il n'a pas manqué de défendre les propos mesurés des notaires qui avaient rapidement constaté qu'après une panne sèche d'environ 6 mois, l'activité repartait, "fruit d'une confiance dans l'immobilier et d'une tenue assez exceptionnelle de ce marché caractérisé par la pénurie de l'offre de logements de qualité par rapport à la demande, y compris solvable".
Mais il a aussi reconnu que cette situation rendait encore plus cruciale "l'absolue nécessité de s'attaquer dans notre pays et spécialement dans cette région particulière qu'est l'Ile-de-France, à la situation du logement". La pénurie de logements de qualité s'accentue avec un effort de construction insuffisant, "qui ne répond même pas aux exigences de renouvellement d'un parc immobilier qui vieillit et parfois se détériore". "Il est temps, plus que temps, de desserrer l'étau qui paralyse la demande de logement. Sinon, c'est l'ensemble de notre société qui sera malade parce qu'elle consacrera globalement trop de ressources à son logement", a-t-il notamment déclaré.
Le problème est que cette hausse des prix en Ile-de-France, et singulièrement à Paris, devenue ville inabordable pour qui n'a pas un bien à vendre intra muros, ne semble pas en passe de se calmer : le baromètre du courtier en agences immobilières, Meilleursagents.com affiche des hausses mensuelles supérieures à 2% (+2,4% en octobre), ce qui porte la hausse à 19% en un an (1er novembre 2009 au 1er novembre 2010) ! Près du double de la progression des prix à Londres (+11%, source Halifax Price Index) et sans comparaison par rapport à New York (+0,1% en un an, source Standard & Poor's-Case Shiller). Et sur deux ans, la montée des prix parisiens (+15,8%) va à l'inverse de ceux de Londres et de New-York, qui baissent respectivement de 2,7% et de 9,4%. Dans le reste de l'Ile-de-France, l'évolution cet automne semble poursuivre celle mise au jour par les notaires pour le printemps.
La baisse des taux ne semble donc pas augmenter le pouvoir d'achat mais semble par contre alimenter la hausse des prix. Il faut s'attendre à ce que le nouveau prêt à taux zéro ("PTZ+") fasse de même !
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