Jusqu'ici le notariat, associé à l'INSEE, ne publiait de chiffres et indices de prix de l'immobilier - neuf et ancien - qu'issus de sa base de données alimentée par les actes authentiques signés dans les offices notariaux. Ainsi, les notaires de Paris et Ile-de-France, dotés de moyens de traitement plus rapides ont par exemple publié le 25 novembre les chiffres des signatures de ventes en acte authentique du 3ème trimestre 2010, correspondant à des ventes conclues en promesse sur une période floue couvrant approximativement la fin du 1er trimestre et le 2ème trimestre. Les notaires de province, plus lents à collecter et traiter les données plus dispersées, ont publié début novembre des chiffres à partir des ventes signées en acte authentique au 2ème trimestre 2010, donc des ventes conclues au cours d'une période floue allant grosso modo de décembre 2009 à avril 2010.
Comme suite aux travaux d'un groupe de travail du CNIS (Conseil national de l'information statistique) présidé par Bernard Vorms, président de l'ANIL, sur l'état des lieux de l'information statistique sur le logement en France, il s'est avéré que si les chiffres produits par les notaires en partenariat avec l'INSEE sont fiables quant à leur traitement, ils sont peu appropriés pour connaître les tendances récentes du marché et les prix moyens auxquels se sont conclues effectivement les transactions au cours d'une période, ceux-ci se fixant au stade de la promesse de vente et non de sa réitération sous la forme authentique lors de la signature définitive des actes.
Afin de répondre aux demandes des pouvoirs publics, le notariat a pris, il y a un an, l'engagement d'améliorer la fraîcheur » des informations qu'il publie en calculant et en diffusant, au printemps 2011 au plus tard, des indices issus des avant-contrats de vente.
Ces indices présenteront la particularité d'être calculés suivant la méthodologie des indices Notaires-INSEE, en partenariat avec le conseil scientifique de suivi de ces indices. En avant-première, franchissant un grand pas en avant, le Conseil supérieur du notariat a publié le 9 décembre les premiers chiffres calculés à partir des données issues des avant-contrats - promesses et compromis de vente (notariés ou non) signés entre septembre et novembre 2010. Ils préfigurent les prix de vente qui devraient être contenus dans les actes notariés signés entre novembre 2010 et février 2011.
Ces premiers résultats sont particulièrement "décoiffants" pour Paris : ils indiquent que la hausse des prix des ventes à Paris devrait approcher 20% en rythme annuel sur l'ensemble de l'année 2010 avec un prix au m2 moyen voisin de 7.500 euros en fin d'année, laissant prévoir un nouveau record à 8.000 euros/m2 en 2011 ! Le reste de la région Ile-de-France semble connaître une évolution moins forte que dans la capitale. Mais la hausse des prix devrait dépasser 10% sur 2010 en un an, notamment pour les appartements.
La situation est très contrastée avec province, la projection sur le 3ème trimestre 2010 montrant une évolution trimestrielle des prix de 2,9% en appartements anciens et 5,2% en maisons anciennes. Sur un an, les évolutions sont de respectivement 5,3% et 8,9%. A l'instar de l'Ile-de-France, les avant-contrats reçus du panel représentatif, pour septembre, octobre et novembre 2010 permettent de calculer un indicateur pour novembre 2010 en appartements anciens sur 7 grandes villes de province. Sur Rennes, Nantes, Bordeaux, Lyon et Marseille le rythme annuel devrait être compris entre 10 et 15%, soit un prix approchant 2.250 euros/m² à Rennes, 2.450 euros/m² à Nantes, 2.700 euros/m² à Bordeaux, 3.000 euros/m² à Lyon, et 2.500 euros/m² à Marseille. A Toulouse, la hausse sera probablement plus faible entre 5% et 10% approchant les 2.350 euros/m² et à Brest une évolution autour des 5% soit un prix approchant 1.450 euros/m².
Les résultats du panel sur d'autres villes de province, notamment dans le Grand Est, montrent même une stabilité des prix. Pour les maisons, le nombre de ventes et l'hétérogénéité du marché ne permet pas d'estimer des tendances sur ces mêmes villes. Néanmoins, sur le département de Loire-Atlantique, les données sont significatives et montrent une évolution supérieure à 10% sur un an.
Ces variations peuvent apparaitre importantes, mais les notaires font remarquer que pour la majorité d'entre elles constituent un rattrapage de la baisse des prix constatée en 2008 et 2009. S'agissant de Paris et sa région, ils estiment que cette évolution est trop élevée pour être durable. Elle fragilise selon eux la solvabilité des accédants...
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