De nombreux témoignages concordent : la frénésie de la fin d'année 2010, due au désir de bénéficier de quelques avantages supprimés au 1er janvier comme le crédit d'impôt sur les intérêts d'emprunt ou le "Scellier" avant réforme des zonages et des plafonds, serait nettement retombée. Chez Bouygues Immobilier, dans le neuf, on prévoit un marché stable en 2011 pour le logement.
Même si la hausse des prix devrait se poursuivre du fait d'une offre structurellement déficitaire dans les zones tendues, pour beaucoup d'experts, la hausse devrait être limitée, le marché ayant besoin de reprendre son souffle, et les acheteurs aussi. Ils parient en général sur une année en deux temps, un bon premier semestre et plus d'attentisme au second, l'approche d'une année électorale rimant traditionnellement avec une moindre activité.
Laurent Vimont, le président de Century 21 France, interrogé par Le Figaro Magazine, fait état d'un fléchissement du volume des transactions de son réseau (un peu moins de 900 agences) au cours des deux premiers mois de l'année de 3% par rapport aux deux premiers mois de 2010, évolution selon lui significative. En Ile-de-France, où les tendances sont exacerbées, les volumes reculent même de 20 % (et de 10 % à Paris). "Le marché marque le pas. Tous les vendeurs tablent sur l'augmentation des prix. Mais la hausse des taux des crédits diminue le nombre d'acheteurs", indique-t-il. Il relève néanmoins une légère hausse des prix de l'ordre de 2,7 % en France, mais avec des disparités régionales fortes. A Paris, la hausse des prix est de 1,45% sur les deux premiers mois de l'année. Mais elle est plus importante en Ile-de-France, où elle atteint 5,52%en moyenne, malgré des évolutions en sens inverse comme un -7% en Seine-et-Marne et +7% dans le Val-de-Marne ! Sébastien de Lafond, le président de Meilleursagents.com, constate lui aussi un ralentissement du marché en début d'année en Ile-de-France.
En région selon Century 21, les prix reculent de près de 5 à 7% à fin février par rapport à fin février 2010 en Alsace, Aquitaine, Basse-Normandie, Bretagne, Midi-Pyrénées, Poitou-Charentes et Pays de la Loire, alors qu'ils progressent en Auvergne (+4,2%) ou dans le Nord-Pas-de-Calais (+5%) et qu'ils se stabilisent en Rhône-Alpes (+0,8%).
Le réseau Laforêt (750 agences) voit aussi en 2011 une année de rééquilibrage. "Toutefois, les excellents chiffres de fréquentation enregistrés au cours du mois de mars au sein des agences du réseau semblent démontrer que les acquéreurs ont désormais fait le deuil [du crédit d'impôt sur les intérêts d'emprunt]. La perspective d'une nouvelle hausse des taux d'intérêt encourage les acquéreurs à relancer leurs projets dès maintenant", indique leur dernière note de conjoncture. Elle ajoute que "pour les biens coeur de marché au juste prix, les délais de vente se maintiennent en dessous de 45 jours. Alors que les biens hors marché ne trouvent désormais plus preneur"...
Pour le Crédit Foncier, qui a présenté le 23 mars son étude annuelle du marché immobilier, la hausse des taux d'intérêt devrait être compensée pour les primo-accédants par l'effet solvabilisateur du nouveau prêt à taux zéro ("PTZ+"). Par ailleurs, par l'effet des promesses de vente signées en fin d'année dans l'ancien, les prix continueront à monter dans les zones tendues. "En revanche, à l'horizon de la fin d'année, une hausse de taux plus importante pourrait amener une désolvabilisation plus importante des ménages, non compensée par l'effet bénéfique du PTZ+ pour les primo accédants. De ce fait, le caractère excédentaire ou non de l'offre locale déterminera les évolutions de prix", indique l'étude.
Plus spécifiquement sur le marché de l'ancien, sur les zones les moins tendues, les prix devraient, selon le Crédit Foncier, se stabiliser puis baisser de façon limitée en cas de dégradation de la solvabilité des accédants. "Sur les marchés plus tendus, marqués structurellement par une pénurie des produits, les prix devraient connaître une augmentation limitée suivie d'une stabilisation".
Sur le marché du neuf, le déstockage (nombre de ventes effectives plus élevé que le nombre de mises en ventes) "ne pourra que perdurer du fait du maintien d'un avantage fiscal significatif en 2011 pour l'investissement locatif et du PTZ+. Les valeurs devraient logiquement continuer à monter en collectif et rester plus sages en maisons individuelles"...
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