C'est ce qui ressort des communiqués des principaux courtiers en crédit qui tentent cependant d'en relativiser les conséquences : "nous renouvelons nos prévisions de hausse de taux, les taux des banques continuant à progresser", a avertit le 17 mars Maël Bernier, directrice de la communication d'Empruntis.com, lors de la publication de son baromètre ; même son de cloche chez Meilleurtaux, filiale du groupe bancaire BPCE : "en mars, la remontée des taux se confirme (84% des banques partenaires de Meilleurtaux ont augmenté leur taux de 0,15 point en moyenne). Elle est liée notamment à la hausse de l'OAT 10 ans (obligations assimilées du Trésor) qui atteint 3,49% au 16 mars contre 2,49% cet été, à laquelle s'ajoutent des tensions inflationnistes (2,4% d'inflation dans la zone euro en février) et la probable hausse du taux de refinancement de la Banque centrale européenne en avril".
Pas de panique cependant selon Meilleurtaux : si depuis octobre 2010 - plancher historique - l'augmentation des taux de crédit est en moyenne de 0,40 point (+0,20 point par rapport à mars 2010), "la hausse des taux n'a pour l'instant qu'une faible incidence sur la mensualité et la capacité d'emprunt. Sur 20 ans, pour un crédit moyen de 165.000 euros, cela représente un surcoût mensuel de 35 euros". "En outre, les taux demeurent à un niveau bas comparé à ces cinq dernières années (5,15 % sur 20 ans en octobre 2008)", explique Christian Camus, directeur général de Meilleurtaux. "C'est d'ailleurs pourquoi les emprunteurs ayant souscrit un crédit entre fin 2007 et début 2009 ont encore intérêt à renégocier leur crédit"...
Les conditions du nouveau prêt à taux zéro (le "PTZ+"), accessible désormais sans condition de ressources, contribuent aussi à relativiser l'impact de la hausse des taux sur la capacité d'emprunt des ménages. "Il fait mécaniquement diminuer le coût total du crédit, annulant ainsi en partie l'effet de la hausse des taux", explique Sandrine Allonier, responsable des études économiques de Meilleurtaux. Le dispositif commence à être fortement utilisé : Meilleurtaux déclare près de 50% des dossiers de crédit en janvier-février 2011 incluant un PTZ+, contre 34% en moyenne en 2010.
Autre facteur atténuant : la possibilité de faire appel à une délégation d'assurance, qui permet à nombre d'emprunteurs de diminuer leurs mensualités de remboursement assurance comprise. "L'assurance de prêt représente 5 à 16% du coût total du crédit, avec des taux allant de 0,10% à plus de 0,40% selon les profils. Elle peut donc être un moyen de faire baisser le taux effectif global, tout en bénéficiant de très bonnes garanties" explique Christian Camus. En janvier-février 2011, 40% des dossiers de crédit traités par Meilleurtaux comprenaient une délégation d'assurance, contre 28% en décembre 2010...
Reste enfin aux acquéreurs, pour maintenir leur pouvoir d'achat, la possibilité d'accroître la durée de leur crédit qui était descendue à 17 ans en moyenne en décembre dernier. "La durée moyenne des prêts, aujourd'hui de 19 ans, a beaucoup baissé comparée notamment à 2008, où elle atteignait plus de 22 ans. Pour une mensualité de 1.000 euros, on peut augmenter sa capacité d'emprunt de près de 20 % en passant d'une maturité de 15 ans à 20 ans", indique Meilleurtaux.
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