Les promoteurs savaient dès début 2011 qu'ils ne renouvelleraient pas le score de ventes de 2010 (106.000 logements en collectif ou individuel groupé), lui même loin du record de 2007 (127.000). Des raisons précises tenant à la disparition d'un certain nombre d'avantages fiscaux fin 2010 avaient artificiellement gonflé les chiffres en fin d'année. Mais ceux présentés pour le premier trimestre par la Fédération des promoteurs immobiliers (FPI) marquent une chute spectaculaire par rapport au même trimestre 2010 : -24% ! Son président, Marc Pigeon, avait déjà prédit une baisse de 6% pour 2011, ce qui ferait repasser le total de l'année sous la barre symbolique des 100.000 unités ; cela risque d'être pire...
Ce fléchissement des ventes est lié selon la FPI à un quasi effondrement des ventes aux investisseurs (dispositif "Scellier" "raboté" en 2011 : -35% de ventes en Scellier par rapport au 1er trimestre 2010 et -46% par rapport au 4ème trimestre 2010 !), au manque d'offre lui même conséquence au "trou d'air" des permis de construire et des mises en chantier au plus fort de la crise, au lent démarrage du nouveau prêt à taux zéro "PTZ+" qui ne peut compenser la suppression du "Pass-foncier" (26 000 Pass-foncier distribués en 2009 et 2010) et qui a entraîné aussi vers le bas les ventes en accession (-16% au 1er trimestre 2011 par rapport à la même période de 2010, aux surcoûts techniques des performances énergétiques BBC apportés aux nouvelles offres immobilières, et enfin à la hausse des taux d'intérêt depuis l'automne.
Les mises en vente ont reculé de 11% par rapport au 1er trimestre 2010, mais enregistrent une hausse de 6% par rapport au 4ème trimestre 2010, marquant le redémarrage des nouveaux projets. Cette hausse ne permet pas de reconstituer une offre suffisante pour répondre aux besoins.
L'offre commerciale se stabilise autour de 37.000 unités. Elle représente 7,3 mois de ventes, ce qui est plutôt faible.
Les prix progressent régulièrement depuis le début de l'année 2010 et enregistrent une hausse de 7% sur 12 mois, mais se stabilisent par rapport au 4ème trimestre 2010.
Dans les régions, la FPI met en évidence quelques particularités. L'activité est mieux orientée en Ile-de-France où les ventes n'ont baissé que de 16% mais où l'offre est particulièrement faible, et dans la région Côte d'Azur où les ventes ont augmenté de 12% et où l'offre s'est un peu reconstituée. Les petites surfaces et les zones urbaines souffrent moins. Les baisses les plus fortes sont enregistrées dans l'agglomération de Lyon (-48%), l'Auvergne (-44%), la Provence et le Centre (-43%), la communauté urbaine de Strasbourg (-35%), la Bretagne (-34%), Toulouse (-30%), la Normandie (-29%) et l'agglomération de Lille (-25%).
L'optimisme de la FPI est battu en brèche par les informations selon lesquelles, outre la nouvelle diminution prévue des taux de la réduction d'impôt "Scellier", le gouvernement envisagerait d'imposer un plafond de prix au mètre carré, en plus du plafond de prix d'achat total de 300.000 euros. Bercy ferait ainsi taire ceux qui accusent ces dispositifs d'incitation de favoriser la hausse des prix de l'immobilier. Il en ferait de même pour le "PTZ+", également concerné par cette suspicion.
Des prix moyens au mètre carré de l'ordre de 4.500 à 4.800 euros/m 2 en zone A (Paca et Ile-de-France hors Paris intra-muros), 3.800 euros en zone B1 et 2.800 en zone B2 de moindre tension sont cités.
Anticipant ces mesures, la FPI appelle à ne pas casser la dynamique entretenue tant bien que mal depuis le début de la crise, au risque de confirmer à quel point la promotion privée est "Scellier-dépendante". La FPI fonde aussi beaucoup d'espoirs sur la réforme de l'urbanisme que le gouvernement doit annoncer les 26 et 27 mai, notamment sur les recours abusifs (bloquant 13 à 15.000 logements, soit près de 10% de la production, selon M. Pigeon), sur les lotissements et sur la libération du foncier.
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