Citant une source proche du dossier, l'AFP annonce que le conseil de surveillance du groupe bancaire BPCE (issu en août 2009 de la fusion des groupes Banque Populaire et Caisse d'Epargne) a entériné le 12 mai l'ouverture de négociations exclusives avec un consortium composé des fonds d'investissement Eurazeo et Bridgepoint en vue de la cession de Foncia.
Le "ticket" Eurazeo-Bridgepoint a été préféré à deux autres fonds d'investissement candidats : Charterhouse, et Advent. Aucun groupe d'administration de biens n'était plus sur les rangs, que ce soit Lamy (Nexity), peut-être prochainement en vente aussi, Urbania, récemment racheté par le fonds IPE, Immo de France ou Citya, candidat lors de la première mise en vente. Le groupe BPCE avait en effet procédé à un premier appel d'offres en 2010 avant d'y renoncer lorsqu'a éclaté l' "affaire Urbania" et l'annonce d'un tour de vis législatif à l'encontre des syndics de copropriété, un des principaux métiers de Foncia.
Il est vrai aussi que le niveau atteint par les enchères a de quoi décourager des candidats au rachat issus des professions immobilières (Citya, ainsi que les promoteurs Altaréa et Promogim, qui auraient été aussi sur les rangs), dont les offres se seraient situées selon le quotidien Le Monde autour de 500 à 600 millions : la proposition de rachat faite par Bridgepoint et Eurazeo valoriserait le groupe à plus d'un milliard d'euros. Le prix de vente comprendrait une dette d'environ 350 millions d'euros et BPCE garderait un peu moins de 20% du capital de sa filiale.
Foncia avait été acheté au prix fort par Banque Populaire en janvier 2007, pour une valeur d'acquisition estimée de 1,3 à 1,4 milliard d'euros, dette comprise, à son fondateur Jacky Lorenzetti.
De l'avis des salariés du groupe, qui auraient dit-on préféré le fonds Advent, il faudra qu'à ce prix la rentabilité soit au rendez-vous. Les repreneurs chercheraient déjà à changer les dirigeants et des chasseurs de tête seraient déjà contactés. Les équipes, dans l'expectative depuis plus d'un an ont de quoi s'inquiéter de mesures dictées par des objectifs exclusivement financiers. Les clients peuvent l'être également, subissant déjà depuis des années des pratiques de facturation contestées - notamment dans la gestion locative -, et d'un "turn over" particulièrement élevé de leurs gestionnaires, s'expliquant en grande partie par la pression pour une rentabilité maximale. Il n'est pour le moment annoncé que des économies au niveau de l'équipe dirigeante : la holding, avec ses 150 postes, représenterait 13,7% du chiffre d'affaires de Foncia !
A noter qu'après Urbania, c'est le deuxième des grands groupes de services à l'immobilier qui se troupe racheté par un ou plusieurs fonds d'investissement. Si le pôle administration de biens de Nexity suivait le même chemin, nous assisterions à une nouvelle étape dans la financiarisation du secteur, les banques, qui espéraient surtout, comme quinze ans auparavant les "marchands d'eau" (Générale et Lyonnaise des eaux), des synergies avec leurs activités de base, semblant plutôt enclines à jeter l'éponge...
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