Les "marchands de listes" avaient déjà été épinglés par la DGCCRF en 2010. L'association UFC-Que Choisir a annoncé le 27 août avoir déposé une plainte plainte contre 13 enseignes, à la suite d'une enquête aux résultats édifiants, qui a fait l'objet notamment de prises de vues en caméra cachée reprises dans une vidéo en ligne sur le site de la revue Que Choisir.
Interpellée par de nombreux témoignages dénonçant l'obligation, parfaitement illégale, de payer avant la remise de la liste ainsi que l'indisponibilité des biens proposés, l'UFC-Que Choisir a diligenté une enquête dans 11 villes universitaires en simulant la recherche d'un appartement pour un étudiant auprès de 18 marchands de listes appartenant à 15 enseignes. "Les résultats sont sans appel : les mauvaises pratiques des vendeurs de listes se situent à tous les étages", indique l'organisation de consommateurs.
Dans les annonces passées, les réponses téléphoniques ou même parfois en établissement, les vendeurs de liste masquent leur activité réelle (la simple remise de listes d'annonces) et induisent le consommateur en erreur en laissant penser qu'il s'agit d'un agent immobilier prêtant son concours à la rédaction du bail et à l'état des lieux. Par exemple, le prix de la liste est déguisé en "honoraires" ou "frais d'agence", défiant bien entendu toute concurrence.
Autre infraction : alors que la loi impose que le paiement de la liste s'effectue après la prestation, 89% des marchands ont exigé l'argent avant la remise du moindre document. Or, le montant est loin d'être modique, en moyenne 200 euros, et jusqu'à 450 euros à Paris. L'UFC fait remarquer qu'il s'agit pour un étudiant d'un tiers de son budget mensuel en moyenne (610 euros), alors même qu'il ignore le nombre de biens qui correspondront à sa demande, et n'a aucune garantie d'obtenir une location.
De surcroît, le service proposé ne peut en aucun cas être comparé à un service de recherche, puisque le vendeur ne fournit qu'une simple liste de biens, parfois reprise pure et simple d'annonces déjà diffusées dans la presse locale, correspondant à des critères limitatifs et approximatifs. Les vendeurs adressent des biens "déjà en stock" dans les fichiers et ne vont aucunement tenter de trouver des biens correspondants aux critères et attentes particulières du client.
Dans les tests effectués, sur la base du loyer et de la surface minimum demandée (conformes au marché), seuls 49% des biens proposés étaient pertinents, soit moins d'une annonce sur deux ! L'UFC indique que, pour les mêmes critères, un grand site internet gratuit propose, dans 94% des cas, plus d'annonces de biens pertinents à loyer inférieur, souvent largement, aux loyers de la liste des vendeurs. Pire, bien pertinent ne rime pas avec disponible. Par exemple, à Lyon, sur les 4 biens pertinents de la liste APL Location, 3 n'étaient déjà plus disponibles dans les 24 heures qui suivaient l'achat de la liste.
L'UFC-Que Choisir demande au Législateur d'encadrer plus strictement l'activité de "marchands de listes" pour garantir une valeur ajoutée par rapport au marché gratuit en prévoyant la vérification par le marchand de la fiabilité du descriptif des annonces (surface réelle, quartier, etc.), définissant un contrat type assurant une réelle personnalisation de la recherche à travers des critères précis (surface minimum, exposition, DPE, etc.) et en imposant une réactualisation quotidienne des fichiers et des informations transmises au consommateur.
Se saisissant de l'information, une trentaine de membres du collectif Jeudi noir ont brièvement investi le 1er septembre une agence parisienne de "marchand de listes", avec confettis, mousseux, musique et déguisements, sur l'air du générique de la série américaine "L'Agence tous risques"...
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