L'UNPI (Union nationale de la propriété immobilière), fédération des Chambres départementales ou régionale de propriétaires, majoritairement bailleurs, revendiquant 240.000 membres, tient la solution pour résoudre la crise du logement : l' "habitat essentiel". Avec ce concept, l'UNPI propose de revenir à la fonction première d'un logement, allégé des fonctions secondaires qui en alourdissent le prix, pour permettre à tous de se loger en location et accession. En appliquant ses propositions, l'UNPI estime qu'il est possible de construire des logements "low cost" à moins de 900 euros le m2 hors foncier viabilisé ; à ce prix-là, il faut évidemment mettre à mal quelques normes superflues comme celles qui obligent à mettre un ascenseur à partir de 5 étages, ou permettre l'accessibilité plus haut que le rez-de-chaussée. L'UNPI propose également un "autre mode d'occupation" avec, par exemple, des "espaces collectifs" qui permettrait de réduire la taille des appartements : des laveries ou des séjours communs, à l'image des résidences étudiantes, pourraient ainsi être mis en place.
Au cas où les promoteurs et entreprises du bâtiment n'y auraient pas pensé, l'UNPI propose aussi de recourir à la préfabrication ou à la fabrication en série d'éléments "comme les modules de salle de bain ou de cuisine". Double bénéfice : certains sites industriels pourraient se reconvertir dans cette production. Le président de l'UNPI, Jean Perrin suggère ainsi d'utiliser "les usines automobiles qui sont en perte de vitesse" pour produire entre 50 et 100 salles de bains différentes qui arriveraient prêtes sur les chantiers et dont le coût serait divisé par deux (2.000 euros au lieu de 4.000 euros)... Enfin, pour l'UNPI, probablement à l'adresse des foncières et bailleurs sociaux, il est préférable de détruire et reconstruire plutôt que de "rénover à grands frais des bâtiments obsolètes".
Il est vrai que l'UNPI n'hésite pas à préconiser des solutions audacieuses : elle réclame depuis plusieurs années l'abandon par l'Etat du logement social, sa privatisation complète, et la réutilisation des fonds ainsi libérés pour subventionner les locataires, afin qu'ils puissent payer des loyers librement fixés par les propriétaires ; ceux-ci seraient au passage affranchis de toutes ces protections légales en faveur des locataires devenues inutiles, puisque grâce à cela le marché serait inondé de logements par des investisseurs qui auraient enfin envie d'investir...
Thèses dont n'est pas éloigné l'ancien ministre du logement Benoist Apparu qui présentait le 24 septembre un contre projet de loi sur la mobilisation du foncier public en faveur du logement destiné à contrer le projet de loi du gouvernement sur les cessions du foncier public. Parmi ses 10 propositions, l'accélération de la vente HLM par la création d'un droit individuel pour les locataires à l'achat de leur logement. Rien de nouveau en fait : c'était aussi une des propositions de l'UMP lors de la campagne présidentielle. Proposition irréaliste pour tous ceux qui connaissent le milieu des bailleurs sociaux et la complexité extrême de ce qu'on appelle la "vente HLM" : choix et délimitation des programmes destinés à être mis en vente, création de copropriétés et mise en place des structures et des moyens nécessaires à leur gestion, accompagnement afin qu'elles ne sombrent pas dans la difficulté, etc.
Les autres propositions ne sont pas plus nouvelles : augmentation des droits à construire - mais l'instauration éphémère de la mesure a montré son caractère illusoire, de l'avis des promoteurs eux-mêmes et son effet inflationniste sur le prix des terrains -, inverser la fiscalité foncière - mesure qui fait à présent consensus et qui va être adoptée -, revisiter l'ensemble des normes - il ne faut pas en attendre des miracles -, mutualiser les fonds propres des organismes HLM et regrouper ceux du 1% - vaste sujet quand on connaît les implications des collectivités territoriales -, supprimer le droit au maintien dans les lieux pour les nouveaux locataires HLM - mais les chiffres montrent le peu d'effet qu'aurait une telle mesure qui s'appuie sur l'idée, évidemment fausse mais chère à l'UNPI, que les HLM seraient peuplés de "riches" qui n'ont rien à y faire -, créer un conventionnement global du parc HLM et modifier les règles d'attribution des logements - mesures dont on ne perçoit réellement pas la portée, au moins quant au remède à la pénurie actuelle...
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