C'est ce qui ressort au terme d'un exercice de prospective énergétique volontariste réalisé par les services techniques et économiques de l'agence de l'environnement et de la maîtrise de l'énergie (ADEME) : selon l'étude intitulée "Vision 2030-2050", l'agence estime possible d'atteindre à l'horizon 2030 une réduction de 20% de la consommation énergétique finale rapport à 2010, un objectif de 35% d'énergies renouvelables (ENR) et une baisse des émissions de CO2 de 30% à 35% ; à l'horizon 2050, la réduction de consommation devrait pouvloir être de 45%, les ENR à 75% et le "facteur 4" atteint pour les émissions de CO2.
L'ADEME a fondé ses calculs, qui nourriront le débat très attendu sur la transition énergétique, sur le scénario "fécondité haute" de l'INSEE à savoir 68,5 millions d'habitants en 2030 contre 62,9 aujourd'hui, sur l'hypothèse de décroissance du nombre de personnes par ménage à 2,17 personnes par ménage en 2030 contre 2,31 aujourd'hui, et sur un rythme de construction neuve plutôt pessimiste, de 350.000 logements par an, en moyenne, sur la période 2010-2030 contre 310.000 par an aujourd'hui (hypothèse basse pour 2012). Durant cette période, l'étude prédit également l'équilibre entre constructions de maisons et celles de logements collectifs, alors qu'aujourd'hui la répartition s'établit, dans le neuf, entre 58% de maisons individuelles et 42% de logements collectifs.
L'ADEME considère que 500.000 logements, en moyenne, seront thermiquement rénovés chaque année d'ici 2030. C'est moins que l'objectif avancé par le gouvernement lors de la conférence environnementale de septembre, à savoir 600.000 rénovations annuelles, mais beaucoup plus que le rythme actuel selon la FFB (130.000 logements), et même plus que l'objectif du Grenelle de l'environnement (400.000). A cette date, tout le parc de logement social construit avant 1990 serait alors rénové ainsi que 5 millions de maisons (pour plus de la moitié, construites avant 1975), soit plus de 70% des maisons individuelles.
Reste à savoir si ces objectifs peuvent être atteints sans obligation de rénovation. La seule "valeur verte" - la valorisation patrimoniale résultant de l'amélioration de la performance énergétique de l'immeuble et de la réduction de son coût d'utilisation - ne suffira probablement pas. Le groupe de travail "Financements innovants de l'efficacité énergétique" constitué au sein du plan Bâtiment Grenelle, qui s'est réuni le 13 novembre pour un bilan à mi-parcours de ses travaux, estime unanimement que pour faire émerger cette "valeur verte" de l'immeuble, il faudra passer par une contrainte réglementaire. "Le jeu du marché économique ne suffit manifestement pas", déclare Olivier Ortega, un des deux co-pilotes du groupe de travail, dans un entretien avec Le Moniteur. Selon Inès Reinmann, l'autre co-pilote, les travaux du groupe ont "confirmé l'idée que le tiers financement est une solution possible pour financer la rénovation énergétique". "En diminuant le montant de l'investissement et en augmentant le pourcentage de rétrocession sur les économies d'énergie au tiers investisseur, ce mécanisme peut fonctionner sur une durée de vingt ans et avec un taux de rentabilité interne (TRI) correct. Plus globalement, nous estimons qu'avec des financements intermédiaires, à chercher notamment du côté des fonds européens, et une meilleure affectation des ressources publiques, les objectifs du Grenelle sont tenables", a-t-elle déclaré dans le même entretien...
Autre écueil dénoncé notamment par l'ARC, association de consommateurs très en pointe en faveur de la rénovation énergétique des copropriétés : quel niveau de performances pourra être atteint en rénovation ? Sans imposer d'exigences minimum, ne risque-t-on pas de ne voir que des rénovations qui engendrent de faibles réductions de consommations énergétiques ? Le potentiel de réduction de consommations qu'offre la rénovation serait alors "gaspillé".
Concernant la nature des travaux, l'ADEME table sur une forte progression des pompes à chaleur (PAC), notamment aérothermiques réversibles, qui devraient équiper 20% du parc total de logements à l'horizon 2030, notamment en raison de la demande croissante en climatisation dans certaines régions, explique le rapport. Les PAC devraient également pénétrer fortement le marché de la production d'eau chaude sanitaire, avec les chauffe-eau thermodynamiques, prenant le pas sur les chauffe-eau solaires individuels (CESI). Le taux de pénétration de ces derniers a été évalué à 10% des Logements en 2030.
Enfin, l'ADEME table sur une stabilité des consommations dites électro-domestiques (appareils ménagers, informatique, télévision, etc.).
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