Réalisé par l'IFOP à la demande du Défenseur des droits, un sondage fournit un éclairage intéressant sur la perception et le vécu des discriminations dans l'accès à un logement locatif, en distinguant ceux des personnes ayant été victimes de discrimination et l'opinion des autres sur les discriminations telles qu'ils les imaginent, dans la population générale et plus spécifiquement dans les "zones urbaines sensibles" ou ZUS. Ainsi 82% des personnes interrogées de l'échantillon représentatif de l'ensemble de la population française considèrent que les discriminations dans l'accès à un logement locatif sont fréquentes. Curieusement, dans les ZUS, ce sentiment est moins fort (70%)...
La discrimination par le revenu arrive en tête, aussi bien dans l'opinion générale que chez les personnes qui estiment avoir été un jour discriminées dans l'obtention d'un logement, qui représentent 27% des personnes interrogées en France entière et 35% dans les ZUS !
Dans l'opinion générale, le fait d'avoir des revenus irréguliers (ex: intérim ou en CDD), est cité par 91% des interrogés, mais suivi de peu par le fait d'avoir une origine maghrébine ou africaine (82 et 81%), ou d'être jeune (71%) ou assurer seul(e) la charge d'enfants (familles monoparentales). Le handicap est également cité à 60%. Autre son de cloche chez ceux qui disent avoir été discriminés : la régularité des ressources est citée par 50% des discriminés, puis l'âge (37%, dont 32 pour le fait d'être jeune et 5 pour celui d'être âgé), et la structure familiale (18%, dont 11 pour les familles mono-parentales et 8 pour les familles nombreuses) ; l'origine étrangère n'est citée que par 14% des discriminés ! L'orientation sexuelle arrive encore derrière (7%) de même que le handicap (4%)...
Toujours chez les victimes, la discrimination vient en majorité d'un propriétaire particulier (54%), et en second d'une agence immobilière (42%) ; plus rarement d'un bailleur social (30%). Curieusement, l'opinion générale place les propriétaires privés à la même hauteur dans l'idée qu'elle se fait des discriminations, mais soupçonne moins les agents immobiliers (21%) et encore beaucoup moins les bailleurs sociaux (4%) !
La discrimination s'opère d'abord par un refus de la candidature au moment du choix final du locataire (42%), ou par des demandes de garanties supplémentaires par rapport à ce qui est habituellement demandé, comme des garants supplémentaires, des pièces justificatives etc. (40%). Moins fréquemment par une absence de réponse donnée après le dépôt du dossier (29%), ou un refus d'enregistrer la demande de logement (23%). Enfin le refus de prendre en compte les personnes se portant garantes, la proposition de logement inadaptée aux besoins (localisation, superficie etc.) ou celle de logement dont l'état et le confort sont insuffisants arrivent derrière (respectivement 18,15 et 12%)...
44% de ceux qui se sont heurtés à une discrimination ont demandé l'aide de leurs proches pour trouver un logement, 33% ont remis à plus tard ou abandonné leur recherche, et la même proportion a revu à la baisse ses exigences de confort, de localisation ou de superficie. Seuls respectivement 19 et 18% ont demandé l'aide d'une association ou entrepris des démarches pour faire valoir leurs droits.
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