C'est ce que craint la Fédération des promoteurs immobiliers (FPI) en commentant le 14 février les chiffres de l'année 2012 : les ventes de logements neufs par les promoteurs ont plafonné - hors ventes en bloc aux organismes HLM - pour l'année entière à 73.700 unités en 2012, affichant une chute sans précédent de 28% par rapport à 2011, et de près 40% par rapport à l'avant-crise !
"Le risque est grand de voir le secteur subir un véritable désastre industriel et social", a déclaré François Payelle, le président de la FPI, lors de la conférence de presse de présentation. Les ventes atteignent "leur plus bas niveau depuis 16 ans", a souligné le président de la FPI, qui a évoqué "de grosses inquiétudes de ne pas voir la courbe s'inverser" au cours des prochaines années.
De fait, pour 2013, selon François Payelle, les promoteurs vont "essayer de résister sur la 'ligne Maginot' des 70.000 ventes" à condition que le dispositif fiscal "Duflot", qui a remplacé le "Scellier" en début d'année, "donne toute son efficacité" avec les 40.000 ventes prévues, ce qui est loin d'être gagné : la vente aux investisseurs qui achètent des logements neufs dans un objectif locatif a mal commencé avec un mois de janvier "mou, mou, mou" selon le président de la FPI... En 2012, le segment des particuliers investisseurs locatifs a connu un véritable effondrement (-42% en un an) ! "On est passé de 72.450 ventes à investisseurs en 2010, à 59.000 ventes en 2011 et moins de 33.000 ventes l'an dernier, détaille François Payelle. En cause bien évidemment, le caractère très attractif du régime de défiscalisation "Scellier" en 2010, puis ses rabotages successifs sous l'ancienne majorité...
Aucun espoir par contre pour les clients de voir ce recul des ventes entraîner une baisse significative des prix : d'après la FPI, ils ont même augmenté en moyenne 0,9%, sur l'ensemble du territoire, avec toutefois une différence entre la province, où ils ont augmenté de 2,3%, alors qu'ils ont reculé de 3,9% en Ile-de-France. Cette dernière baisse est moins dû à un sacrifice sur les prix - il n'y a aucune élasticité en raison des contraintes de coût de production - qu'à l'éloignement vers la périphérie de la région des programmes qui ont passé le cap de la mise en chantier, les promoteurs devant abandonner les programmes qui ne se pré-vendent pas suffisamment faute de financement... La contrainte étant moins forte en régions, les prix ont pu suivre l'augmentation des coûts de construction en raison des normes plus contraignantes ("RT 2012", accessibilité, etc.). Cependant, en ne retenant que les ventes du quatrième trimestre, comparé au quatrième trimestre 2011, les prix ont reculé tout de même de 0,2% en province, et de 10,8% en Ile-de-France, marquant le fait que seuls les programmes bon marché passent le cap de la vente et donc du financement !
Du coup, la seule planche de salut pour ce secteur économique, qui risque de voir se déliter son outil industriel, semble être la construction pour le logement social. Les ventes en bloc à ce secteur ont certes diminué en 2012, mais seulement parce qu'elles avaient été "boostées" par le plan de relance de 2010...
La profession demande en tous cas d'amplifier la réforme conduite fin 2012 pour le "PTZ+" doit être amplifiée, car dans une période de taux très bas, le taux zéro perd de son pouvoir solvabilisateur ; il faut selon la FPI allonger le différé d'amortissement "non pas sur les deux premières mais sur les trois premières tranches de revenus". Ce qui aurait nécessairement un coût pour le budget de l'Etat. "Mais ce coût serait sans commune mesure avec la TVA engrangée du fait de la vente du logement", jugent les promoteurs. Il faut aussi mettre en oeuvre très rapidement les dispositions votées facilitant l'accès au foncier constructible, et celles à voter pour la densification (future loi-cadre "logement et urbanisme") et limiter plus efficacement les recours contre les permis qui, à ce jour, bloqueraient la réalisation de 35.000 logements (promotion et logements sociaux) !
Enfin la FPI demande une stabilisation des normes de construction pendant quelques années. Elle relève par exemple que les nouveaux labels HPE et THPE dont la teneur précise sera connue très prochainement et qui sont imposés par exemple pour obtenir la quotité maximum du "PTZ+", devraient induire une hausse des coûts de 3 à 5%...
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