La charge vient de l'Institut pour la Conception Ecoresponsable du Bâti (ICEB), et de l'association VAD (Ville et Aménagement Durables), dont les membres sont des architectes et bureaux d'études, qui estiment que la RT 2012 n'est pas assez ambitieuse pour atteindre les objectifs de réduction de la consommation énergétique dans les bâtiments. Et la critique ne s'arrête pas là : le prochain objectif fixé, celui des bâtiments à énergie positive (BEPOS ne serait pas pertinent, selon les explications Alain Bornarel, le vice-président de l'ICEB, recueillies par Batiactu.com. "La RT est en deçà des objectifs", indique-t-il : "nous le constatons sur le tertiaire où nous avons maintenant des retours d'expérience qui ont plus d'un an : on est à 30 ou 40% de gains réels alors que 50% étaient attendus. Et pour les logements nous commençons à avoir les premiers retours et on est à côté de la plaque !".
En cause : les solutions techniques employées qui dateraient déjà de cinq ou six ans. Les résultats seraient mêmes en dessous des résultats obtenus dans des constructions BBC 2005 ! D'après Alain Bornarel, "il y a des interventions de lobbies de tout poil. Mais les économies concédées aujourd'hui, nous les paierons cher demain. Il y a une vision à très court terme".
Quant au BEPOS, il est qualifié carrément de "supercherie" ! "On obtient des consommations de 70, 80, 90 voire 100 kWh en énergie primaire, ce qui est bien loin d'être de l'énergie positive. Car l'usage réel ne correspond pas aux cinq usages réglementaires", précise le vice-président de l'ICEB. La conception de bâtiments véritablement positifs ne serait pas possible en restant à l'échelle de l'immeuble seul. "Il faut raisonner à la taille de l'îlot ou du quartier pour arriver à faire de l'énergie positive", poursuit Alain Bornarel. "Il faudrait appeler le BEPOS autrement : 'bâtiment dopé au photovoltaïque' par exemple"...
Selon l'auteur de cette diatribe, il aurait fallu une étape intermédiaire, entre la RT 2012 et le BEPOS, celle du "bâtiment passif", à l'enveloppe hautes performances. "Mettre tout l'argent possible sur la qualité de l'enveloppe qui durera longtemps, voilà qui a du sens", explique-t-il. Il sera alors toujours temps de l'équiper ultérieurement de systèmes de production énergétique comme des panneaux photovoltaïques de façon à en faire un bâtiment producteur d'électricité. "Mais actuellement, c'est un cadeau fait à la filière solaire car l'essentiel de l'effort porte sur la couverture pour l'énergie"... Selon lui, les systèmes auraient une durée de vie de 10 ou 20 ans, beaucoup plus courte que celle de l'enveloppe. "Or dans 15 ans, il existera des systèmes plus performants. Mais les installer sur des enveloppes de mauvaise qualité, ça ne servira à rien !".
Car il regrette aussi que les autorités ne soient pas plus exigeantes sur l'enveloppe des bâtiments neufs afin d'éviter d'avoir à les réhabiliter dans une vingtaine d'années. "Nous sommes les seuls en Europe à faire de l'isolation par l'intérieur, avec ces aberrations que sont les rupteurs de ponts thermiques. L'isolation thermique par l'extérieur permet d'avoir des épaisseurs correctes et d'obtenir de l'inertie utile en été. Il reste juste à résoudre le problème de durabilité des peaux extérieures pour les isolants". Alain Bornarel recommande par ailleurs l'utilisation de la ventilation double flux en lieu et place de la ventilation hygroréglable qui porterait, selon lui, atteinte à la qualité de l'air intérieur, voire à la santé des occupants.
Enfin, pour la conception bioclimatique, il estime qu'il est nécessaire de garder en tête la problématique du confort d'été et de sortir de la solution "volets roulants en PVC" qui coupent les circulations d'air lorsque les fenêtres sont ouvertes. "Il existe de nombreuses techniques simples. Et pas juste pour le résidentiel. Dans le tertiaire, il est possible de faire des immeubles non climatisés confortables, sur la moitié nord du territoire français. Et de reprocher là encore un coup de pouce donné aux industriels de la climatisation...
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