Les efforts des agents immobiliers pour redorer leur image n'y font rien : un sondage Harris Interactive pour l'hebdomadaire Marianne (1) les place encore une fois derniers sur 30 métiers ou institutions, avec un taux de défiance de 76% (53% des sondés ne leur font plutôt pas confiance et 23% pas du tout confiance) contre 21% de sondés confiants (20% faisant plutôt confiance et seulement 1% faisant tout à fait confiance...). Il est vrai qu'ils sont juste derrière les hommes et femmes politiques exerçant des fonctions au niveau national. Au sommet de la confiance, le sondage place les pompiers (avec un taux de confiance de 92% !), les infirmiers et la famille. Suivent les médecins, les bouchers (!) et les scientifiques. A l'inverse, dans les tréfonds de la défiance, on trouve les journalistes, les patrons des grandes entreprises, les banquiers, les syndicalistes patronaux et les imams...
Interviewé par Marianne, Laurent Vimont, président de Century 21 France, dont le réseau investit lourdement dans la formation, n'est pas étonné : une enquête Ipsos commandée par le réseau en 2012 montrait des clients dénonçant l'absence de transparence et l'insuffisance professionnelle des agents. "La profession n'a jamais su se remettre en cause en raison d'une loi qui n'impose pas une formation initiale aux agents immobiliers ; les clients leur confient le projet d'une vie et on ne leur demande rien", a-t-il expliqué. Et de rappeler qu'il milite depuis 2 ans pour que soit mis fin à cette exception.
Interrogés également par Marianne, Jean-François Buet, président de la FNAIM et Sébastien de Lafond, du site Meilleursagents.com, qui pratique beaucoup les agents immobiliers, confirment l'ignorance des agents en matière juridique, fiscale et financière. Pour ce dernier cité par Marianne, "ils n'ont pas été capables de faire la pédagogie et d'expliquer leur valeur ajoutée ; on estime que leur rôle se limite à ouvrir des portes et toucher 5% de commission. Et en plus, certains ont des comportements commerciaux agressifs et perdent tout sens de la courtoisie dès qu'il est question de fric"...
Le président de la FNAIM ne dit pas autre chose en reconnaissant, tel que Marianne le rapporte : "nous sommes responsables de nos propres turpitudes parce que nous n'avons pas toujours fait la bonne explication de texte à nos clients. Le service n'est ni compris, ni justifié si on n'explique pas à notre client qu'on va encadrer sa vente, mettre en place un plan marketing, négocier les prix, le tenir informé"...
La FNAIM demande aussi un meilleur encadrement des professions immobilières : un ordre professionnel, des instances permettant de sanctionner ceux qui ne respectent pas la déontologie, et une formation initiale et continue pour tous les négociateurs, salariés ou sous statut d'agent commercial (70% des négociateurs actuellement...). Il est vrai que les agents immobiliers "traditionnels" sont devenus d'autant plus demandeurs de coercition qu'ils se découvrent aujourd'hui menacés par le développement des réseaux de mandataires indépendant qui, travaillant sans agences en dur, pratiquent des tarifs de commissions "low cost"...
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