C'est ce qui ressort des chiffres de l'Observatoire Crédit Logement/CSA présentés le 23 juillet par Michel Mouillart, professeur d'économie à Paris Ouest, et opérateur scientifique de l'observatoire. Etablis à partir des données relative aux crédits immobiliers accordés, ils reflètent l'activité des marchés immobiliers du neuf et de l'ancien, la presque totalité des opérations donnant lieu à un financement. Si l'année 2012 a connu une véritable récession en termes de production de crédits (-26% en volume de crédits !), le 1er trimestre a marqué un ralentissement de la dégradation, et le 2ème une reprise timide mais sensible. Cependant le marché dans son ensemble est encore loin d'avoir retrouvé son niveau d'avant-crise.
Les marchés du neuf et de l'ancien n'ont pas évolué de la même manière : dans le neuf, la récession a été moins sévère en 2012 (-11,5% en montant) mais le 1er trimestre a vu un véritable effondrement (-32% d'un trimestre à l'autre), en raison notamment du resserrement du prêt à taux zéro (le "PTZ+"). le 2ème trimestre a rattrapé le coup mais seulement partiellement (+30% d'un trimestre à l'autre). Dans l'ancien au contraire, la récession a été sévère en 2012 (-35,5%), mais le marché s'est ressaisi dès le 1er trimestre (+7% d'un trimestre à l'autre) et encore plus vigoureusement au 2ème (+38,1% d'un trimestre à l'autre).
Mais cette reprise du 2ème trimestre se traduit en termes moindres si l'on se réfère au nombre d'opérations : la raison est un plus fort recours au crédit du fait d'une diminution forte des apports personnels : ceux-ci sont tombés en un trimestre de 29,1 à 25,4% du montant de l'opération dans l'ancien et de 26,7 à 23,4% en moyenne dans le neuf. La cause est le blocage du marché de la revente : la part des achats avec revente, qui permettaient des apports personnels plus importants diminue par rapport aux achats secs, avec un apport personnel minimal.
La baisse des taux d'intérêt, qui ont atteint un plancher historique (2,90% en moyenne), sans baisse significative de la durée des prêts comme on aurait pu s'y attendre (221 mois dans le neuf et 218 mois dans l'ancien) n'a pas enrayé la transformation de la population des emprunteurs, à l'oeuvre depuis 2008-2009 : année après année, on constate une baisse de la part des emprunteurs les plus jeunes (- de 35 ans) et des ménages à revenus de moins de 4 SMIC au profit de toutes les classes d'âge de plus de 35 ans et des catégories à revenus de 5 SMIC et plus. La disparition du PTZ+ dans l'ancien en 2012 et son resserrement dans le neuf en 2013 ont favorisé cette transformation sans l'avoir causée totalement.
La tendance pour le reste de l'année 2013 reste incertaine : elle peut être influencée par un rebond des taux d'intérêt ; mais la petite hausse ressentie début juillet semble faire long feu. De surcroît, l'effet d'une remontée des taux sur l'activité et sur les prix est tout sauf évident : si jusqu'en 2011, la courbe d'évolution des taux et du coût moyen des opérations ont constamment été en opposition, elles ne le sont plus depuis 2012, les prix baissant en même temps que les taux alors qu'ils devraient augmenter...
|