A quelques jours de la présentation du budget 2004, professionnels de l'immobilier et associations redoutent que le secteur du logement ne fasse les frais l'an prochain des économies budgétaires, en dépit des besoins de la population.
L'USH (Union sociale pour l'habitat, qui fédère le mouvement HLM), la Fédération nationale habitat et développement rural, la Fédération des sociétés d'économie mixte, et la Fédération nationale des centres Pact Arim ont ainsi tenu le 17 septembre une conférence de presse commune pour réclamer une hausse des moyens affectés à la construction et à l'amélioration de l'habitat, qui doit être reconnu selon eux comme "une grande cause nationale".
"Nous sentons depuis plusieurs mois que se réunissent les éléments constitutifs d'une crise du logement social", a déclaré Michel Delebarre, président de l'USH. "Nous estimons à 350.000 logements par an les besoins en matière de construction, contre un rythme actuel de 300.000", a-t-il ajouté, demandant "la mise en place d'une loi de programme" pour garantir un effort de l'Etat dans la durée !
Les organisations défendent également une relance des actions de réhabilitation, au-delà de la loi pour la rénovation urbaine (loi Borloo) qui concerne les quartiers les plus défavorisés, et dénoncent la baisse de 30% des crédits alloués à l'Agence nationale pour l'amélioration de l'habitat (ANAH) en 2003.
Pour Albert Mahé, président de la fédération des Sociétés d'Economies Mixtes, "il y a un allongement considérable des files d'attente" dans les organismes d'aide" !
"Si on n'accompagne pas cette loi d'un effort pour l'ensemble des logements qui ont besoin d'être améliorés, on va fabriquer des bombes à retardement et laisser se constituer les quartiers en difficulté de demain", a expliqué Georges Cavallier, président de la Fédération nationale des centres Pact Arim, qui annonçait que certaines associations locales ont commencé à licencier leurs permanents...
Alors que le projet de budget 2004 n'a toujours pas été dévoilé par le gouvernement, ces organisations craignent une réduction supplémentaire des moyens alloués au ministère de l'Equipement et du Logement.
"Quand on voit les contraintes qui pèsent sur le budget 2004 et quand on voit les dépenses qui ont déjà été sanctuarisées, notamment en matière de défense, je crains que le logement ne serve de variable d'ajustement budgétaire", a déclaré M. Delebarre ajoutant que l'objectif est d'apporter "un soutien offensif au ministre Gilles de Robien, afin qu'il obtienne un maximum de moyens pour le bien de tous"...
De son côté, Christian Baffy, président de la FFB (Fédération Française du Bâtiment), s'est à son tour inquiété des perspectives budgétaires, et notamment de l'avenir du prêt à taux zéro (PTZ).
"Les mesures prises ces derniers temps ont réduit l'intérêt du prêt pour les particuliers et ont entraîné une baisse du nombre de personnes éligibles", a-t-il regretté mercredi dernier à son tour d'une conférence de presse le même jour.
"On parle aujourd'hui d'une nouvelle altération du dispositif avec un alignement des plafonds de ressources sur ceux des prêts accession a-t-il ajouté, en déclarant espérer "que le gouvernemnt se gardera d'aller vers cette voie"...
M. Baffy a dénoncé lui aussi l'annulation de crédits de l'ANAH, qui devrait se traduire selon lui en 2003 par "une baisse de 700 millions de chiffre d'affaires pour le bâtiment, soit l'équivalent de 20.000 emplois directs et indirects perdus".
|