En réalité, la scission avait déjà failli se faire fin 2012, et pas seulement pour des raisons de ligne de défense des propriétaires à l'égard des projets du gouvernement. La Chambre des propriétaires de Paris, la plus importante de l'UNPI (Union nationale de la propriété immobilière), fédération de chambres locales ou départementales de propriétaires immobiliers, majoritairement bailleurs, était en désaccord avec nombre de prises de décisions très médiatiques de son président, Jean Perrin, mais commençait aussi à trouver lourde sa contribution au budget de l'union au profit de nombreuses petites chambres qui végètent, mais refusent néanmoins de se regrouper...
Cette fois est la bonne : la Chambre des Propriétaires vient de décider de démissionner de l'UNPI. Le motif invoqué est l'ambigüité de la position de l'union à l'égard de la réforme annoncée des baux d'habitation dans le cadre du projet de loi "Duflot" d'accès au logement et un urbanisme rénové (ALUR) et, plus particulièrement, du projet de garantie universelle des loyers (GUL), dont la chambre parisienne réclame le retrait pur et simple, alors que Jean Perrin, qui en défendu l'idée il y a quelques années, est plus embarrassé. Du coup, elle se sent seule à combattre ce texte qu'elle estime résolument défavorable aux propriétaires...
La Chambre des propriétaires prône une assurance obligatoire ("comme pour l'assurance auto") délivrant une garantie limitée aux "accidents de la vie" (chômage, incapacité, maladie grave, séparation avec le conjoint) dont le coût serait partagé entre le propriétaire et le locataire. Pour Denys Brunel, Président de la chambre parisienne, cette assurance serait proposée par les assureurs professionnels, le bailleur conservant le libre choix de son assureur. Elle devrait permettre de régler 50% des cas de difficulté de paiement des loyers. "Les autres cas relèveraient de l'assurance facultative", précise-t-il dans un communiqué.
Il demande aussi de "débarrasser la loi ALUR" - qui va revenir devant le législateur pour une seconde lecture dès janvier 2014 - "des mesures anti-propriétaires" : notamment les honoraires de location de l'agent immobilier ou de l'administrateur de biens à la seule charge du propriétaire, alors que selon elle le service est également rendu au locataire, la pénalité au propriétaire qui ne restituerait pas le dépôt de garantie dans le délai imparti, alors que rien n'est prévu à l'encontre du locataire qui paye son loyer en retard ou s'affranchit du paiement du dernier mois de loyer quand il quitte sa location, l'encadrement des loyers, le déséquilibre des rapports locataires-bailleurs sur les questions de fixation et de contestation du loyer en prévoyant des délais de recours plus avantageux pour les locataires que pour les propriétaires, délai de 10 jours accordé au locataire pour demander la modification de l'état des lieux d'entrée...
En réalité, forte selon ses déclarations de ses 12.000 adhérents à la tête de 120.000 biens, la Chambre des propriétaires parisienne devenue indépendante et donc affranchie des contraintes de territorialité de l'UNPI, "entend poursuivre son expansion au-delà du grand bassin parisien", comme l'indique son communiqué. Et donc aller sur le terrain des autres chambres locales de l'Ile-de-France : Versailles, Colombes, Saint Germain en Laye, Vincennes, Nogent sur Marne, Saint Maur des Fossés, Villeneuve Saint Georges, Corbeil...
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