Aux termes d'une étude TNS Sofres pour l'Observatoire des crédits aux ménages, de la Fédération bancaire française (FBF), opéré par le professeur Michel Mouillart, les candidats à l'emprunt connaissent dans une très forte proportion d'entre eux la possibilité qu'ils ont de choisir le contrat d'assurance-emprunteur auprès d'un organisme différent de celui proposé par le prêteur : cela est le cas de 85,5% des détenteurs d'un crédit immobilier et de 83,5% de ceux qui ont l'intention de souscrire. Cette information, les ménages qui détiennent un crédit immobilier l'ont obtenue directement auprès de leur banque dans 34,4% des cas, auprès de leur entourage (famille, amis, voisins) dans 34,4% des cas et auprès de la presse (journaux, radio, télévision, internet) dans 30,5 % des cas.
Pourtant, une majorité d'entre eux n'a pas jugé utile de mettre en oeuvre cette option. Seuls 37,3% de ceux qui ont souscrit à un crédit immobilier depuis septembre 2010 ont cherché un autre organisme. Et 43,3% de ces derniers ont finalement choisi l'assurance-emprunteur de leur organisme prêteur : par convenance, dit l'étude, ou en raison du tarif proposé. Ainsi, au total, 21,1% des emprunteurs ont choisi un organisme d'assurance différent de celui proposé par leur préteur : presque toujours pour des raisons de prix, "mais aussi parce que ces ménages semblent plus volontiers calculateurs que les autres, au regard de leur profil socio-démographique et professionnel".
Et chez ceux qui dès le départ n'ont pas cherché d'autres solutions d'assurance-emprunteur (62,7%), 47,1 % expliquent que c'est parce que leur banque leur convenait et 34,4% pour n'avoir qu'un seul interlocuteur.
D'autres ont considéré que chercher ailleurs aurait nécessité trop de démarches (31,2 %) et/ou ont souhaité économiser leur temps (19,0%) … Mais seuls 19,6 % (12,3 % de l'ensemble des ménages ayant souscrit) n'ont pas cherché ailleurs par méconnaissance de la possibilité...
Cette étude est-elle crédible ? En tous cas, la Fédération bancaire française (FBF) qui l'a pilotée compte bien s'en servir pour prouver l'inutilité de la disposition du projet de loi "Hamon" sur la consommation, encore en discussion au parlement, qui prévoit que les acheteurs d'un bien immobilier pourront remettre en cause et renégocier l'assurance emprunteur fournie par leur banquier pendant une durée d'un an après la conclusion du prêt.
En fait cette disposition les ennuie énormément, car l'assurance emprunteur, dans laquelle tous les établissements bancaires ont investi, rapporte jusqu'à 3 milliards d'euros de primes et 50% de marge pour les bancassureurs... Une manne qui risque de leur échapper si le client a réellement la possibilité d'échapper à la prescription forcée de l'assureur. Les mutuelles préparent des offres susceptibles de faire économiser plusieurs dizaines de milliers d'euros sur le coût total d'un crédit immobilier !
Or la démonstration par l'exposé de la situation actuelle est pour le moins abusive. L'argument selon lequel les les offres alternatives ne seraient pas intéressantes ne tient pas ! Comment imaginer, comme l'avance justement le quotidien La Tribune, que des acteurs de l'assurance ne voudraient pas s'engouffrer dans un marché aussi profitable, en proposant des tarifs inférieurs ? En fait, c'est bien le cas, il est possible de trouver des prix d'assurance très avantageux. Selon Isabelle Tourniaire, du cabinet conseil BAO, spécialisé sur ce sujet, cité par le quotidien, "les tarifs proposés par les assureurs alternatifs (non liés à la profession bancaire) peuvent être jusqu'à trois fois moins élevés que ceux des banques, pour des clients jeunes". A mesure que l'on s'élève dans l'âge de l'emprunteur, les prix convergent, tout en restant souvent intéressants.
En réalité, les banquiers savent se montrer "convaincants" : "Le fait est assez connu, des enquêtes ont eu lieu, réalisées par des organismes de défense des consommateurs, avec l'aide de visites mystères", souligne Isabelle Tourniaire, toujours citée par La Tribune. Le client n'a en effet pas réellement le choix. Par exemple, le taux d'intérêt du prêt, contractuel, et qui repose sur une négociation, peut alors être remis en cause...
Les auteurs de l'amendement créant un droit de changement d'assureur après la souscription du prêt ne s'y sont pas trompés : si l'on veut réellement assurer la concurrence entre assureurs, cette disposition est le seul moyen...
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