A Saint-Herblain, près de Nantes, dans l'immeuble HLM où il a vécu six ans, le Premier ministre Jean-Marc Ayrault, accompagné de François Lamy, ministre de la Ville, a précisé les concours du NPNRU (nouveau plan national de "renouvellement urbain"), prenant la suite du PNRU (plan national de "rénovation urbaine") de Jean-Louis Borloo.
La nuance sémantique n'est pas anodine ! Le NPNRU n'est plus un PNRU2 : il est présenté comme une "nouvelle approche de la rénovation urbaine". Selon le gouvernement, le PNRU lancé en 2003 était focalisé sur le volet urbain, il s'agissait de concentrer sur quelques années des opérations massives de réaménagement des quartiers, notamment au moyen de la démolition.
Le changement d'approche revendiqué vise à ajouter de nouvelles fonctions économiques et sociales, et introduire de la diversité résidentielle sans pour autant effacer ce qui existe. Il doit "permettre la transformation des quartiers existants sans chercher à repartir de zéro, et en accordant une place centrale aux habitants".
En fait, le NPNRU doit contribuer au développement des fonctions économiques et sociales des quartiers, par la création de lieux d'animation, de socialisation : développement des commerces en veillant à respecter les règles élémentaires de visibilité et d'accessibilité, stratégie d'occupation des rez-de-chaussée d'immeubles avec des assistants maternels, des PMI, des bureaux. Les futures opérations devront intégrer aussi la dimension écologique "pour que ces quartiers deviennent demain autant d'éco-quartiers".
Le renouvellement urbain vient en complémentarité d'autres initiatives comme les investissements d'avenir ou le plan entrepreneurs des quartiers, est au service d'une politique sociale et économique de long terme, dans le cadre des contrats de ville qui mettront en place des stratégies territoriales intégrées de développement.
L'enveloppe budgétaire prévue est de 5 milliards d'euros sur la période 2014-2024, qui permettra de lever 20 milliards d'investissements (à comparer à 12,35 milliards d'euros de subventions dans 490 quartiers, représentant 45 milliards d'investissements pour le PNRU1). Action Logement (le mouvement des collecteurs du "1% Logement") en restera l'un des principaux contributeurs, le finançant à hauteur d'environ 500 millions par an (contre 1 à 1,2 milliard aujourd'hui). Les 230 quartiers qu'il devrait financer (dont 30 Outre-Mer) seront connus vraisemblablement après les élections municipales.
L'ensemble immobilier visité par le Premier ministre est le Sillon de Bretagne, construit au début des années 70, le plus important ensemble HLM de l'Ouest de la France. Il y a vécu jeune élève professeur d'allemand, militant socialiste, et futur maire de Saint-Herblain puis de Nantes. L'ensemble immobilier a fait l'objet d'un traitement ANRU, qui en a fait à la fois un immeuble performant d'un point de vue énergétique et un quartier ouvert sur la ville avec des services, des commerces et de l'activité économique. L'opération a coûté 100 millions d'euros TTC (dont 23,5 financés par l'ANRU). Dans le cadre d'une convention ANRU signée en 2009, le projet prévoyait une intervention sur le bâtiment de quelque 800 logements (en lui faisant atteindre le niveau BBC neuf) mais aussi à plus grande échelle avec la création de passages traversants (dont la scission du bâtiment en deux pour ouvrir le quartier sur un parc autrefois privé) ; l'implantation de nouveaux équipements publics (médiathèque, pôle emploi, pôle santé, pôle petite enfance avec une crèche inter-entreprise) ; la construction d'un parking silo et la création 7.000 m2 de bureaux supplémentaires.
Le ministre de la Ville a rappelé que le projet de loi pour la ville et la cohésion urbaine doit être adopté avant la fin février. Ce texte opère un recentrage de l'action publique sur les quartiers les plus en difficulté (1.300 quartiers où la moitié de la population perçoit moins de 60% du revenu fiscal médian, soit moins de 11.000 euros) et se déclinera en contrats de ville traitant à la fois des volets sociaux et urbains et qui seront noués dès cette année.
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